En confortant sa place au classement constructeur, Renault, qui compte 18 points d'avance sur McLaren et 21 sur Ferrari, a réalisé une très belle opération, sur les terres de Ferrari. Alonso, deuxième de la course, consolide sa place de leader, au classement pilotes et dispose désormais de 15 points d'avance sur M.Schumacher (Ferrari) et 18 sur Raikkonen (McLaren).
Sitôt descendu du muret, Flavio Briatore, le directeur général de l'écurie française ne cachait pas sa joie: "A la fin, il ne fallait pas prendre de risques, il ne fallait pas être stupide. On a essayé, mais à un moment j'ai dit : 'Huit points, c'est fantastique'. Ici, c'était le pire circuit pour nous. C'est un bon résultat. Ferrari et McLaren prennent des points et nous, on est là, tranquilles. Ça nous va très bien. Ici, c'est toujours le circuit le plus difficile pour nous, avec Indianapolis. Imola n'est plus sur notre route, c'est fantastique. On sera mieux au Nürburgring".
Déclarations incomprises
Ainsi donc Renault craignait ce quatrième rendez-vous de la saison et les ingénieurs ne cachaient pas leur satisfaction de quitter l'Emilie Romagne avec deux voitures dans les points et sans souci mécanique. Pourtant à en croire, le champion du monde en titre tout n'est pas aussi idyllique que la situation comptable le laisse penser. Témoin ce début de polémique née samedi matin après la publication dans la presse espagnole (Marca), d'une interview du champion du monde. Le taureau des Asturies, selon l'organe de presse espagnole, s'est plaint d'un manque de soutien de son équipe technique, soulignant notamment qu'il n'a pas toujours obtenu ce qu'il demandait.
Aussitôt publiée, aussitôt lue, l'interview du champion espagnol a fait les choux gras des media et provoqué- on l'imagine aisément- une petite discussion entre Briatore et le pilote mécontent. " C'est toujours la même histoire avec la presse, rectifiait Alonso dès dimanche matin. Les journalistes analysent ce que vous dites et écrivent ce qu'ils pensent que je voulais dire". Voilà une marche arrière surprenante... d'autant qu'entre la presse espagnole et son idole il n'y a pu y voir de problème de compréhension et encore moins de traduction.
Supériorité évidente
Mais l'humeur grinçante du prodige espagnol ne s'est pas forcément améliorée au fil du week-end, impression sans doute accentuée par l'incapacité du bouillonnant champion à dépasser M.Schumacher : " Sur un circuit normal, nous aurions pu remporter la course, mais il est impossible de dépasser à Imola. J'étais beaucoup plus rapide que Michael pendant le deuxième relais et j'ai essayé de lui mettre la pression en espérant qu'il fasse une erreur. Nous avons anticipé notre deuxième arrêt afin de tenter un dépassement stratégique mais cela n'a pas fonctionné. Je suis donc resté dans le sillage de Schumacher et, pendant les cinq derniers tours, j'ai utilisé tous les tours moteur disponibles pour essayer de le dépasser. Mais la Ferrari avait repris de sa vitesse en fin de parcours et je n'ai pas pu la doubler".
A-t-il tout tenté ou s'est-il plus simplement conformé aux exigences de Flavio Briatore et Pat Symonds qui lui ont demandé de ne pas prendre de risques et de grossir ainsi son capital de points ? Impossible de le savoir, mais pour Ron Dennis (P-dg de McLaren) la supériorité de la Renault sur la Ferrari était évidente :" Renault aurait pu gagner facilement mais nous sommes contents qu'Alonso soit arrivé deuxième."
Quoiqu'il en soit Alonso et Renault ont réalisé une excellente opération en conservant le leadership des deux classements, au soir de ce quatrième rendez-vous de la saison. Sans doute Flavio Briatore, soucieux de protéger son équipe bavardera en tête-à tête avec son champion du monde. Et s'il aime les bons mots et la polémique, nul doute qu'il exigera un peu de retenue de Fernando Alonso. En dehors de la piste, à tout le moins!