Le tenant se porte bien, merci pour lui. Paolo Savoldelli a mis à profit l'exigeant contre-la-montre de Seraing, dans la province de Liège, pour débuter le Tour d'Italie 2006 comme il avait achevé l'édition 2005: en rose. Sa victoire n'est pas en soi une immense surprise, loin s'en faut. Le Faucon est un rouleur de premier plan et pas plus tard qu'il y a 10 jours, il s'était également montré dominateur lors du prologue du Tour de Romandie. Plus étonnant sont en revanche les écarts creusés par le leader de l'équipe Discovery Channel samedi.
Dernier coureur à s'élancer, Savoldelli a fait voler en éclats le chrono établi un quart d'heure plus tôt par Bradley McGee, grand spécialiste de ce type d'exercice, en devançant l'Australien de 11 secondes. Un véritable gouffre sur un tracé aussi court (6,2 kilomètres). Dommage pour McGee et pour son équipe, la Française des Jeux. Mais il n'y avait rien à faire contre ce Savoldelli-là, qui a visiblement parfaitement récupéré de la gastro-entérite qui l'avait contraint à l'abandon en Romandie. A nouveau frais et dispo, le double vainqueur de l'épreuve a envoyé un sacré message à ses rivaux.
Basso sur la réserve
Samedi, il y avait vraiment Savoldelli et les autres. Derrière lui, les écarts sont particulièrement ténus, puisqu'il y a quasiment autant d'écart entre le vainqueur du jour et son dauphin, qu'entre McGee et... Ivan Basso, 13e à 23 secondes. Basso, considéré comme le grand favori de ce Giro, qui a pris une petite claque. On ne l'attendait pas si loin. Evidemment, il n'y a rien de dramatique dans le résultat du Lombard. Mais en cédant près de quatre secondes au kilomètre à l'un de ses principaux rivaux, il a incontestablement déçu.
Sur la réserve, Basso se situe globalement dans le groupe des favoris, juste derrière Danilo Di Luca (10e à 19 secondes) et juste devant les deux anciens "amis" de la Lampre, Damiano Cunego et Gilberto Simoni, respectivement 15e et 16e à 25 et 26 secondes. Mais de ces quatre-là, le protégé de Bjarne Riis est sans conteste le meilleur rouleur du lot. On l'attendait donc davantage dans les temps de Savoldelli. Pour les trois autres, la satisfaction est de mise, comme pour le vétéran ukrainien Serhiy Honchar, cinquième et bien parti pour assumer son statut de leader chez T-Mobile.
L'équipe allemande n'a de toute façon pas vraiment d'autre solution, compte tenu de la précarité de la forme de Jan Ullrich, venu sur le Giro uniquement pour continuer sa préparation (tardive) pour le Tour de France. Comme promis, le coureur de Rostock a donc été inexistant à Seraing, se contentant d'une anecdotique 80e place, à 49 secondes de Paolo Savoldelli. Il ne faudra rien attendre de lui sur les routes belges et italiennes, sauf peut-être en dernière semaine. Et encore. Ullrich va faire sa course dans son coin, bien sagement. Point barre.
Bettini loin du rose
Outre le succès d'étape et le comportement des favoris, cette mise en jambes revêtait une importance certaine pour tous ceux qui, sans viser le maillot rose à Milan, aimeraient l'endosser dans les tous prochains jours. Parmi ceux-là, Paolo Bettini apparait comme le grand battu. Le Toscan, qui n'a pas caché son intention de courir après la tunique en Belgique afin de rentrer au pays en leader, a cédé 42 secondes samedi. C'est beaucoup pour le Grillon de la Quick Step, qui espérait en lâcher une dizaine, pas plus. Davide Rebellin, qui nourrit les mêmes ambitions que son compatriote, peut en revanche être comblé. Neuvième à 18 secondes du maillot rose, il peut lancer une offensive en Wallonie.
Le maillot rose, les Français en sont évidemment très loin. Il ne fallait pas attendre de miracles à Seranig, mais certains s'en sont tirés avec les honneurs, notamment chez Bouygues Telecom. Laurent Lefevre est le Tricolore le mieux placé (27e), son collègue Yohann Le Boulanger et le pensionnaire du Crédit Agricole Rémi Pauriol suivant à une distance respectable (42e). Trois Français dans le Top 50, c'est peu, surtout au regard du contingent, relativement imposant. Espérons que la qualité supplantera la qualité dans les prochains jours. Dès dimanche, il faudra passer à l'attaque, en comptant sur la clément des équipes de sprinters, Alessandro Petacchi en tête.
