La récente rumeur disait donc vrai. Fabien Barthez, comme dans toutes les grandes compétitions disputées par l'équipe de France depuis la Coupe du monde 1998, sera bien le gardien de but titulaire des Bleus en Allemagne. Le Marseillais a gagné son duel à distance avec Grégory Coupet. Après des mois de suspense, de contre-pieds et de petites phrases forcément sujettes à interprétation, Raymond Domenech a choisi. Presque froidement, le sélectionneur tricolore a annoncé la nouvelle dimanche matin lors de sa conférence de presse, en même temps qu'il dévoilait sa sélection.
A écouter le ton monocorde du patron des Bleus, on avait peine à croire qu'il tranchait là le débat le plus passionné et le feuilleton le plus suivi autour du XI de France depuis l'Euro 2004. "Le premier critère est le talent du joueur mais aussi son expérience dans les grandes compétitions", a justifié Domenech en préambule. Tout bon pour Barthez. Le passé du Marseillais parle à l'évidence pour lui. Deux Coupes du monde et deux Championnats d'Europe en tant que titulaire, alors que Coupet n'a pas joué une seule minute en phase finale, il n'y avait pas photo.
Coupet pouvait-il faire plus?
Pourtant, peut-on vraiment encore considérer le portier de l'Olympique Lyonnais comme un jeune premier? Pas franchement. A 33 ans, il affiche près de 400 matches de Ligue 1 au compteur. Surtout, il a affronté les plus grands clubs du continent en Ligue des champions depuis le début du siècle. Sans jamais décevoir. Cette expérience-là posséderait donc moins de valeur, au titre qu'elle a été acquise en club, et non en sélection. L'argument peut être discuté, mais il a visiblement pesé dans la tête du sélectionneur.
Aujourd'hui, Grégory Coupet doit se demander ce qu'il peut faire de plus. Suivant une progression constante ces dernières années, le quintuple champion de France semble avoir atteint une forme de plénitude cette saison. Au sommet de son jeu et de sa confiance, il n'a à l'évidence plus grand chose à envier aux références mondiales à son poste. Barthez compris. "La forme du moment est un peu relative car on a trois semaines pour les préparer", lance Domenech, comme pour balayer l'atout du Lyonnais. "Il y a aussi la complémentarité, poursuit-il. Mais l'essentiel est le caractère car on prend d'abord ceux qui jouent et ceux qui seront les remplaçants."
Le coup est rude pour Coupet, qui paraissait avoir pris le dessus depuis deux ans. Jusqu'au dernier Euro, la présence de Fabien Barthez dans la peau du titulaire ne se discutait pas. Mais son rival a franchi de nouveaux paliers depuis, alors que le divin chauve connaissait quelques soucis. Suspendu six mois pour avoir craché sur un arbitre en février 2005, Barthez avait ouvert la porte de la cage à Coupet. Celui-ci s'était engouffré avec un certain brio, notamment dans les derniers matches de qualification, en Irlande ou en Suisse, où il fallait répondre présent. Alors, que reprocher à l'irréprochable?
Cohabitation difficile?
Du haut de ses 77 sélections, Fabien Barthez a quant à lui toujours répondu présent chez les Bleus. Même quand il lui est arrivé de perdre le fil de son jeu en club, comme du temps où il cirait le banc à Manchester, "Fabulous Fab" a su se montrer digne de la sélection. Lors de l'Euro 2004, où le secteur défensif avait tangué sur ses bases, il avait encore été impeccable. Il n'y a aucune raison de penser qu'il n'en sera pas de même en Allemagne. N'empêche, il est légitime de se demander si Grégory Coupet n'est pas devenu, aujourd'hui, le meilleur gardien français, donc le plus apte à défendre les intérêts de l'équipe nationale...
Le débat n'a sans doute pas fini d'alimenter la chronique. Désormais, il y a toutefois plus important. Barthez jouera au Mondial, et il devra être dans les meilleures conditions. D'où ces deux interrogations: quelle sera l'ambiance dans le groupe, particulièrement entre les Lyonnais, qui soutenaient Coupet, et les anciens, qui penchaient vers Barthez? Comment va se passer la cohabitation entre les deux portiers? "Etre remplaçant? J'aurai du mal à canaliser tout ce que ça provoque en moi. Je suis au sprint depuis des mois. Si on me dit que je suis le Numéro 2, on me casse deux jambes", confiait le Rhodanien voilà quelques jours. Ça promet...