En attendant le Mondial, les Bleus ont atteint un premier sommet mercredi (Alexia Zuberer)
D’un Everest à l’autre
Raymond Domenech avait préparé une expédition un peu spéciale à ses Bleus en milieu de semaine. Une ascension au sommet de la Grande Motte en compagnie d’un spécialiste de la haute-montagne, Eric Loizeau. Objectif ? Rapprocher les joueurs et instaurer un esprit commando dans le groupe tricolore.
Premiers de cordée
«Tout le monde était d’excellente humeur. L’ambiance était très bonne.» Ces déclarations remplies d’enthousiasme ne sont pas le fruit d’une discussion avec les joueurs. Encore moins avec Raymond Domenech. Ces quelques mots sortent de la bouche de Frédéric Paulet, le responsable des activités sportives de Tignes qui a suivi les Bleus dans leur expédition. En dehors des conférences organisées par l'encadrement, la presse doit se tourner vers les accompagnateurs de l’équipe de France pour savoir dans quel état d’esprit se trouvent les joueurs deux jours avant la fin du stage en Savoie. Partis à l’assaut de la Grande Motte en fin d’après-midi mardi, les 23 joueurs ont donc passé la nuit à 3000 mètres d’altitude avant de grimper, en tout début de matinée, vers le glacier de ski d’été dont le sommet pointe à 3650 mètres. Un programme concocté par Eric Loizeau, marin célèbre et alpiniste d'altitude. «Raymond Domenech m’a contacté alors que les Bleus n’étaient pas encore qualifiés pour le Mondial. Il m’avait dit que si la France obtenait son billet pour l’Allemagne, il aimerait travailler avec moi et mon équipe», explique celui qui a gravi l’Everest il y a trois ans.
Au Panoramique, le restaurant où ils ont passé la nuit, Zinédine Zidane et ses coéquipiers ont assisté à une conférence organisée par l’ancien skipper sur l’ascension de l’Everest réussie par son équipe en 2003. Ensuite, il a expliqué aux apprentis montagnards qu’ils auraient à rallier le sommet de la Grande Motte le lendemain matin. De l’avis des guides présents mardi soir, les joueurs étaient tous prêts à relever ce défi avant d’entamer le franchissement de leur montagne, la Coupe du Monde. «A 6h, tout le monde était levé. D’habitude j’ai souvent du mal à faire décoller les groupes que j’encadre. Pas mercredi», poursuit Loizeau, agréablement surpris par l’état d’esprit du groupe France mais qui avoue tout de même : «A l’arrivée, Zinédine Zidane m’a dit : "heureusement que vous nous avez montré les diapos de votre ascension de l’Everest, cela nous a motivés. Car je ne sais pas si tout le monde aurait atteint le sommet aujourd’hui"».
Le coup d’envoi du Mondial
Les Bleus ont donc tous participé à la grimpette, qui aura duré 2h30. Raymond Domenech avait pris soin de rassembler, par poste, ses Bleus qui constituaient des cordées de quatre personnes plus un guide. «Le but est que les membres de la cordée ne fassent qu’un. Si l’un d’entre eux lâche du lest, les autres sont là pour le motiver», confie Yannick Ponson, guide à Tignes qui avait Lilian Thuram, Eric Abidal et Fabien Barthez dans son groupe. Le gardien des Bleus qui a prématurément quitté ses partenaires suite à une légère douleur ressentie à un mollet. «Pas question de prendre le moindre risque», lâche Eric Loizeau à qui aucun détail de la préparation n’a échappé. «On a fait attention à tout. Et particulièrement aux chaussures. Imaginez que Zidane revienne avec une grosse ampoule ou une entorse…» On ne préfère pas effectivement. Visiblement réussie, cette expédition tenait particulièrement à cœur du sélectionneur pour qui cette ascension faisait office de coup d’envoi de la Coupe du Monde. «Pour Raymond, le Mondial a démarré avec cette expédition», confirme l’organisateur de la randonnée.
Les Bleus toujours dans leur bulle
De retour au restaurant en altitude vers midi, les Bleus ont déjeuné avec leurs femmes puis ont pris place dans le funiculaire direction Tignes. En bas des pistes, capuche sur la tête pour certains (Zidane, Silvestre), casques sur les oreilles pour d’autres (Cissé, Trezeguet, Henry), ils se sont engouffrés dans le bus sans s’attarder auprès de la quarantaine d’admirateurs juchés à la sortie de la station. Quelques uns auront tout de même eu la chance de décrocher un autographe. Après avoir rallié leur hôtel, les 23 devaient rejoindre la salle de sport de Tignes en fin d’après-midi pour un entraînement léger. Une séance à huis-clos finalement annulée. L’ascension a semble-t-il marqué les organismes. En quête de cohésion, Raymond Domenech espère qu’elle aura également marqué les esprits.