Face à la Corée du Sud, Zinédine Zidane a vécu une drôle de soirée. D'abord, quasi-idyllique. Le meneur de jeu des Bleus a fait taire les dernières critiques au sujet de son état de forme. S'il a parfois levé le pied, il a pu accélérer le jeu. "Capable de faire basculer sur un match sur une action" comme le rappelait Sagnol, Zidane aurait même pu donner un ballon de but à Vieira sur corner (34e) ou délivrer sa première passe décisive à Thierry Henry en fin de rencontre (84e). Mais, à l'image de l'équipe de France, tout a basculé en dix minutes au cours desquelles il a vécu un véritable cauchemar : égalisation de Park (81e), carton jaune synonyme de suspension (85e) et remplacement par David Trezeguet (90e), une "humiliation pour les deux joueurs ", dixit Gérard Houllier.
Son regard glacial lancé à Raymond Domenech en jetant son bandeau anti-sueur au sol en dit long sur les démons qui l'agitaient au moment de sortir du terrain, si ce n'est une tension avec le sélectionneur. Après sa blessure à la cuisse gauche en 2002, la Corée du Sud est décidemment un adversaire maudit pour Zidane. En Asie, il n'avait pu tenir sa place que face au Danemark (0-2). Cette fois, il manquera le troisième match pour une faute "stupide" dans le dos d'un défenseur coréen sanctionnée par M. Archundia. Mais c'est surtout le carton reçu face à la Suisse, pour avoir tiré un coup franc avant le coup de sifflet de l'arbitre, qui a aujourd'hui un goût amer.
Comme en 1998
En 1998, Zidane avait déjà manqué le dernier match de la phase de poules après avoir été suspendu deux matches pour s'être essuyé les crampons sur un joueur Saoudien. Ironie de l'histoire, c'est déjà un arbitre mexicain qui avait privé la France de son inspirateur. En 1998, Zidane avait alors vécu le 8e de finale face au Paraguay comme un supplice. Il pourrait vivre pareil calvaire face au Togo vendredi à Cologne. "Ce sera sans moi. J'espère que ça fera la même chose, le même dénouement, ça serait parfait" , souhaite-t-il. Sagnol rappelle d'ailleurs que la France avait su "faire un bout de chemin sans Zidane" avant d'être sacrée championne du monde.
Mais, si les choses tournaient mal, Zizou pourrait avoir disputé son dernier match face à la Corée. Une éventualité qu'il refuse d'envisager. "A aucun moment je n'ai pensé ça, affirme-t-il. Je pense plus loin, même si quand je sors, je suis triste, parce qu'on est toujours triste quand on fait match nul ou quand on perd. Mais toute l'équipe voit plus loin. On va souffrir sur ce premier tour, mais j'espère qu'on ira très loin après, nous on en est convaincu". Ses coéquipiers, Florent Malouda, feront donc tout pour "offrir à zidane un autre match". "On fera tout pour que France-Corée du Sud ne soit pas son dernier match" , renchérit Lilian Thuram. Car Zizou mérite une sortie plus glorieuse.
"Zidane n'a pas de remplaçant"
Reste que la France jouera son avenir sans Zidane. "Il ne faut pas y penser. Il ne faut pas que ça pèse, il faut penser à gagner, à faire notre jeu, avec ou sans lui, que ça soit X ou Y. Il n'y a pas de place pour ce genre de sentiment. A nous de nous adapter" , coupe Fabien Barthez. Mais comment faire sans un meneur de jeu qui n'a pas vraiment d'équivalent dans la sélection ? Vikash Dhorasoo a un profil plus défensif et Ribéry ou Malouda sont des joueurs de couloir. "Zidane n'a pas vraiment de remplaçant, mais peut-être que nous devrons jouer différemment sans lui. Et un joueur comme Trezeguet peut aussi faire la différence", explique Sagnol.
Sans Zidane, c'est toute l'animation offensive, que Domenech a peiné à mettre au point, qui pose aujourd'hui problème. Le sélectionneur devrait donc revenir à un système en 4-4-2 comme il l'avait fait contre le Costa Rica (3-2) et l'Allemagne (0-0), deux matches disputés en novembre lorsque Zidane était blessé. Mais, s'il décidait de maintenir Thierry Henry seul en pointe, le patron des Bleus pourrait opter pour un milieu de terrain renforcé Malouda-Dhorasoo-Makelele-Vieira-Wiltord. C'est dans ce schéma que la France avait battu la Hongrie (2-1) à Metz en mai 2005.
Le Suédois Marcus Allback a marqué le 2000e but de l'histoire d'une phase finale de Coupe du monde face à l'Angleterre. Le premier avait été marqué par le Français Lucien Laurent en 1930. Des noms bien connus comme Müller, Resenbrinck, Papin, Lineker ou encore Caniggia figurent aussi au "palmarès".
LES BUTS HISTORIQUES
1er but : Lucien Laurent (Fra) en 1930 à Montevideo face au Mexique (4-1)
100e: Angelo Schiavio (Ita) en 1934 à Rome face aux États-Unis (7-1)
200e: H. Andersson (Suè) en 1938 à Antibes face à Cuba (8-0)
300e: Chico (Bré) en 1950 à Rio de Janeiro face à l'Espagne (6-1)
400e: Maximilian Morlock (RFA) en 1954 à Zurich face au Turquie (7-2)
500e: Robert Collins (Éco) en 1958 à Norrköping face au Paraguay (3-2)
600e: Drazen Jerkoviæ (You) en 1962 à Arica face à l'Uruguay (3-1)
700e: Park Seung-zin (CDN) en 1966 à Middlesbrough face au Chili (1-1)
800e: Gerd Müller (RFA) en 1970 à León face à la Bulgarie (5-2)
900e: Hector Yazalde (Argentine) en 1974 à Munich face à Haïti (4-1)
1000e: Robert Rensenbrink (PB) en 1978 à Mendoza face à l'Écosse (3-2)
1100e: Sergey Baltacha (URSS) en 1982 à Málaga face à la N.Zélande (3-0)
1200e: Jean-Pierre Papin (Fra) en 1986 à León face au Canada (1-0)
1300e: Gary Lineker (Ang) en 1986 à Mexico face au Paraguay (3-0)
1400e : Johnny Ekström (Suè) en 1990 à Gênes face au Costa Rica (1-2)
1500e: Claudio Caniggia (Arg) en 1994 à Boston face au Nigeria (2-1)
1600e: Pierre Issa (csc, Afsud) en 1998 à Marseille face à la France (0-3)
1700e: S. Komljenovic (You) en 1998 à Nantes face aux États-Unis (1-0)
1800e: Beto (Por) en 2002 à Suwon face aux États-Unis (2-3)
1900e: Christian Vieri (Ita) en 2002 à Daejon face à la Corée du Sud (1-2 ap)
2000e: Marcus Allback (Suède) en 2006 à Cologne face à l'Angleterre (1-2)
