Kessler comme un lion
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Repris à 100m de la ligne la veille, Matthias Kessler (T-Mobile) a remporté la 3e étape du Tour de France mardi, à Valkenburg. L'Allemand a fait la décision dans le Cauberg. Pour une petite seconde, le champion du monde Tom Boonen (Quick Step) s'empare du maillot jaune. Il devance Michael Rogers.
Le Tour de France a perdu sa dernière véritable star. Déjà amputée des présences de Basso, Mancebo, Ullrich et Vinokourov pour les raisons que l'on sait, la Grande Boucle devra se passer d'Alejandro Valverde ! Le leader du Pro Tour, vainqueur d'une étape à Courchevel l'an passé et donné comme l'un des favoris à la victoire finale cette année, a simplement été victime d'une terrible malchance... Alors qu'il était tranquillement à l'abri au sein du peloton, le leader des Caisse d'Epargne a subitement été emporté par un écart... La chute fut lourde, comme le bilan : fracture de la clavicule et abandon !
Le club des cinq
Le spectacle doit pourtant continuer et le Tour est plus fort que ceux qui le composent. Le spectacle, justement, a été au rendez-vous dès les premiers kilomètres de cette étape disputée entre Esch-sur-Alzette et Valkenburg, avec une échappée belle de cinq coureurs : Jens Voigt (Allemagne, CSC), Jose Luis Arrieta (Espagne, AG2R), Jérôme Pineau (France, Bouygues Telecom), Christophe Laurent (France, Agritubel), Unai Etxebarria (Venezuela, Euskaltel).
Ces hommes, unis par une entente cordiale, allaient très vite creuser l'écart avec un peloton lymphatique et attentiste. Jérôme Pineau, de très loin le plus rapide au sprint parmi les échappés, en profitait pour franchir en tête les quatre premières côtes de la journée et endosser le maillot à pois du meilleur grimpeur.
Arrieta n'arrête pas
Sous l'impulsion des Credit Agricole du maillot jaune de Thor Hushovd, le peloton réagissait enfin et commençait à réduire les écarts. Tant et si bien que le groupe des fuyards était bientôt à portée de fusil... Profitant de la confusion, Jose Luis Arrieta (AG2R) plaçait un contre fatal à ses quatre compagnons ! Ceux-ci ne ripostaient qu'individuellement et ne pouvaient que constater les dégâts.
Repris un à un par le peloton, les échappés du matin n'avaient donc plus qu'un seul représentant en tête avec Arrieta. L'Espagnol aurait pu l'emporter s'il ne s'était pas présenté devant lui le Cauberg. Juge de paix de L'Amstel Gold race, la célèbre montée était fatale à Arrieta. Mais pas à Matthias Kessler ! Déchaîné, l'Allemand plaçait un démarrage de guépard dès les premiers lacets... Repris à 100 mètres de la ligne d'arrivée la veille, le coureur de la T-Mobile ne se retournait pas et , cette fois, son panache était récompensé !
Sur la ligne, Kessler devançait Rogers (T-Mobile), Bennati (Lampre), Boonen (Quick Step) et Zabel (Milram). Encore battu pour la victoire d'étape, le champion du monde belge se consolait avec ce qu'il désirait le plus, à savoir le maillot jaune. Une grande première pour Boonen qui devance l'Australien Michael Rogers d'une seconde au général !
Dekker maudit
Si Boonen a joué à qui perd gagne, d'autres ont juste perdu. Sans parler de Valverde, Damiano Cunego (Lampre) et Iban Mayo (Euskaltel) se sont ainsi fait surprendre lors de l'emballage final et concèdent ainsi douze secondes au peloton des favoris, arrivés cinq secondes après Kessler. Autres grands battus du jour : les Néerlandais bien sûr ! On attendait Boogerd mais le Batave a encore échoué devant son public. On attendait également Dekker. Las, le baroudeur de la Rabobank, ainsi que Fred Rodriguez (Davitamon Lotto), ont été victimes d'une terrible chute entraînant l'abandon de ces deux coureurs. C'était peut-être la dernière fois que l'on voyait Dekker sur une course pro, le Néerlandais disputant cette année sa dernière saison parmi l'élite. Triste fin...
Enfin, chez les Tricolores, c'est également la soupe à la grimace. Aucun Français pressenti pour un coup aujourd'hui n'est parvenu à tirer son épingle du jeu et, s'il faut chercher des motifs de satisfaction, c'est bien sûr du côté de Jérôme Pineau qu'il faut se diriger. Le coureur de chez Bouygues, nouveau détenteur du maillot à pois, a confirmé ses ambitions.
Etape 3: Déclarations
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Retrouvez les principales réactions enregistrées mardi à Valkenburg, à l'issue de la deuxième étape du Tour de France 2006. Pêle-mêle, Kessler, Boonen, Casar, Unzue ou encore Jose Luis Arrieta (photo), présent dans l'échappée du jour et qui fut le plus résistant.
Matthias Kessler (ALL - T-Mobile): "Je suis passé tout près dans l'étape d'hier (lundi). Je me suis dit que je recommencerai. Aujourd'hui, l'arrivée était plus proche, je n'avais pas 5 kilomètres à faire seul. On a été choqué par ce qui est arrivé au début du Tour (exclusions d'Ullrich, Sevilla et Pevenage, ndlr). D'un autre côté, on est des professionnels. Il faut lever la tête et regarder devant. On doit se battre pour obtenir le meilleur résultat, gagner des étapes, essayer d'avoir une bonne place au classement général. On le doit, à l'équipe, au sponsor et surtout au public.
Ce n'est pas une réaction de fierté mais d'esprit sportif. Notre tactique d'équipe a changé, elle changera encore quand on sera sur d'autres parcours. Aujourd'hui, la course était dure, éprouvante, à cause du parcours et de la chaleur. En début de Tour, il y a souvent des chutes. C'est pour cela qu'on a essayé de rester devant. Klöden a chuté, heureusement sans gravité, je l'ai attendu. J'ai appris la chute de Valverde, je le regrette. C'est dur pour une équipe quand elle perd son leader. Ullrich ? Oui, je suis en contact avec Jan, qui est l'un des meilleurs amis. Mais c'est d'ordre privé."
Tom Boonen (BEL - maillot jaune): "Ce fut une belle étape. Pour moi, le Cauberg ne constitue pas un problème. Tout dépend des attaques. C'est dur tous les jours. J'endosse certes le maillot jaune, mais il est spécifique au Tour de France. Je pense, en revanche, que le maillot de champion du monde est le plus beau de tous. De toutes les manières, je suis en avance sur mon plan de carrière car j'ai déjà revêtu les deux."
Philippe Gilbert (BEL - 46e): "Je suis tombé avec Valverde. J'ai dû batailler pour revenir. Mais faire l'effort m'a coté lorsque que Kessler a accéléré. Je n'ai pas pu le suivre."
Jose Luis Arrieta (ESP - 117e): "On s'est très bien entendu dans l'échappée. L'allure était très rapide. A 20 kilomètres de l'arrivée, chacun a essayé de jouer sa carte. Quand je suis parti, c'était essentiellement pour tester ma force. Je ne pensais pas me retrouver tout seul. Mais comme cela est arrivé, je suis allé à fond sans me retourner. Je connaissais la dernière bosse de l'Amstel. Elle est très difficile. Trop manifestement compte tenu des efforts préalables."
Jérôme Pineau (FRA - 136e): "Cela fait très plaisir d'avoir le maillot à pois. Etre le premier grimpeur à ce jour est très important pour moi. Surtout sur une course comme le Tour de France. Il y a des choses qui ont changé dans les têtes. On s'est un peu trop moqué des Français. Mais on fait notre métier du mieux qu'on peut. Dès lors, tous les maillots, quels qu'ils soient, sont très importants."
Sandy Casar (FRA - 137e): "On est toujours trop près des barrières avec les gens qui sortent les bras. On m'a pris le guidon. Je suis tombé. Pour moi, c'est peut-être la fin du Tour. On verra."
Eusebio Unzue (directeur sportif de Caisse d'Epargne): "Quand je suis arrivé près d'Alejandro (Valverde), je me suis rendu compte qu'il avait la clavicule fracturée. Je ne sais pas s'il faut invoquer la malchance, ou autre chose. Notre idée était de remporter l'étape avec Alejandro. Les étapes de début de Tour de France sont généralement dangereuses, car les coureurs sont très nerveux. Mais aujourd'hui, rien ne laissait penser que nous allions laisser nos espoirs sur le bord de la route. Alejandro est déçu mais pas abattu."