Cela n'a plus rien à voir avec la chance.
Si cette Suisse, tellement travailleuse et tellement courageuse, parvient à retourner des situations scabreuses dans les dernières lignes droites, c'est parce qu'elle a changé. Parce qu'elle a mûri. Parce qu'elle est décomplexée. Et parce qu'elle n'est plus inférieure à des contradicteurs autrefois considérés comme des extraterrestres.
La Nati a donc remis le carbone. 41 heures après avoir gommé un passif de deux buts contre le champion olympique en titre (la Suède), elle a effacé la même marge face au champion du monde 2002 (la Slovaquie). Et - grande première - elle demeure invaincue après quatre rondes dans un tournoi de référence. «Il y a du caractère dans ce groupe», lancent de concert, Julien Vauclair et Sandy Jeannin, deux acteurs décisifs dans ce come-back à l'helvétique.
Le défenseur jurassien a connu l'honneur d'être élu «meilleur joueur suisse de la partie» alors que, d'une déviation fortuite, il avait trompé la vigilance de David Aebischer et offert l'ouverture du score aux Slovaques (15e). «Que voulez-vous, questionne-t-il? Cela peut arriver. Il s'agissait peut-être du dixième autobut de ma carrière.» Le grand mérite du No 3? Avoir su digérer cet épisode avec la rapidité de l'éclair! La situation de Vauclair, qui mérite amplement sa mention, symbolise parfaitement le tempérament des hockeyeurs à croix blanche: rien, même pas un méchant coup du sort, ne semble pouvoir briser la volonté des joueurs et la dynamique positive du groupe.

Le centre neuchâtelois, lui, a enfilé le goal égalisateur à 116 secondes du coup de klaxon, alors que Ralph Krueger venait de remplacer Abby par un joueur de champ. Il raconte: «Quand Goran (Bezina) m'a donné le puck, j'étais cerné par trois adversaires. Alors j'ai tenté une déviation. Et je n'ai pas tout de suite réalisé que j'avais marqué. Cela n'était peut-être pas le goal le plus beau de ma carrière, mais...» Mais l'un des plus important dans le tricot national. Avec celui qu'il a signé contre le Kazakhstan (le 2-1 final) il y a douze mois à Vienne.
Et il vaut son pesant de cacahuètes. En effet, il rapproche encore plus la Nati des quarts de finale. Pour être assurée d'un siège dans ce top 8, et sans spéculer sur les autres résultats, elle a besoin de récolter une unité lors de ses deux prochaines sorties (contre la Russie et la Biélorussie).
Suisse - Slovaquie 2-2 Skonto Arena. 2325 spectateurs. Arbitres: MM. Savage (Can), Kekalainen (Fin) et Schroeter (All).
Buts: 15e Cibak 0-1, 32e Milo (Pavlikovsky, Surovy/5 c 4) 0-2, 50e Reichert (Plüss/5 c 4) 1-2, 59e Jeannin (Bezina/5 c 4, la Suisse sans gardien) 2-2.
Suisse: Aebischer; Blindenbacher, Bezina; Seger, Forster; Steinegger, Vauclair; Helbling, Streit; Sannitz, Jeannin, Lemm; Paterlini, Ambühl, Reichert; Deruns, Romy, Wirz; Della Rossa, Plüss, Rüthemann. Entraîneur: Krueger.
Slovaquie: Krizan; Jurcina, Milo; Harant, Granak; Vydareny, Strbak; Ciernik, Kapus, Marcel Hossa; Hudec, Pavlikovsky, Zalesak; Surovy, Cibak, Bartovic; Kollar, Vaic, Kovacik. Entraîneur: F. Hossa.
Notes: La Suisse sans Bührer, Demuth ni Gerber (surnuméraires), la Slovaquie sans Marian Hossa (blessé). Pénalités: 6 x 2' + 1 x 5' (Deruns) + pénalité de méconduite de match (Deruns/55e) contre la Suisse, 7 x 2' contre la Slovaquie. Tirs cadrés: 19-15 (9-5 1-7 9-3).

Les Slovaques ont donné des sueurs froides aux Suisses...
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