Nadal reste roi
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Rafael Nadal reste le maître à Roland-Garros. Après une entame délicate et un premier set rapidement concédé, le prodige espagnol a repris la direction des opérations grâce à son énorme lift et écoeuré Federer. Il décroche son deuxième titre consécutif à la Porte d'Auteuil en quatre manches.
ROLAND-GARROS - Finale messieurs
Rafael Nadal (Esp, 2) bat Roger Federer (Sui, 1) 1-6 6-1 6-4 7-6
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En quête d'un quatrième sacre consécutif en Grand Chelem, un exploit que seul Rod Laver a réalisé depuis le début de l'ère Open, Roger Federer était au centre de toutes les attentions avant la finale de Roland-Garros. Présenté comme l'un des meilleurs joueurs de l'histoire, le Suisse avait la possibilité d'entrée un peu plus dans la légende, mais c'était oublié bien vite que depuis deux saisons, le numéro un mondial a trouvé son maître sur terre battue.
Avec un bilan surréaliste de 44 victoires pour 3 petites défaites, Federer signait depuis le début de l'année un parcours proche de la perfection. Ses trois seuls revers avaient cependant été concédés face au même homme, face à l'inévitable Nadal, dont la rage de vaincre et les capacités physiques hors-norme donnaient le sentiment de prendre le dessus sur le talent incommensurable du Suisse.
Une entame de rêve
Battu en finale des Masters Series de Rome et Monte Carlo, le joueur helvète affirmait avoir appris dans la défaite. Au cours de la première manche, il donnait le sentiment d'avoir en effet parfaitement retenu la leçon. S'installant dès les premiers coups de raquette à l'intérieur du court, le Suisse s'appuyait sur son énorme coup droit pour prendre Nadal à la gorge et imposer son rythme.
Alors que Federer récitait un tennis quasi-sans-faute, le prodige espagnol donnait le sentiment d'hésiter. Entre attentisme et prise d'initiative, le tenant du titre ne savait quelle tactique employer. Des hésitations coupables qui lui faisaient commettre une ribambelle de fautes directes inhabituelles (12) et lui causait la perte de la première manche (1-6).
Nadal trop fort
Federer ne pouvait rêver plus belle entame : "En débutant ainsi, je ne pensais pas laisser l'occasion", assura t-il. Dès le début du deuxième set, la tendance allait cependant totalement s'inverser. A la suite de deux points exceptionnels dans le deuxième jeu ponctués des deux premiers "vamos", l'Espagnol retrouvait ses esprits. Enfin installé à l'intérieur du court, il prenait la direction des échanges en s'appuyant sur son énorme lift en coup droit que Federer ne parvenait jamais à maîtriser. "J'ai moins bien joué que lors des matches précédents. Mais le niveau de Nadal y est sans doute pour beaucoup."
Nadal montait en puissance, ne commettant plus que 17 fautes directes tout au long du match, et saoulait de coups son adversaire. Le numéro un mondial suivait, lui, la trajectoire inverse. Moins vif dans son jeu de jambes, trop passif en fond de court et fébrile sur les balles de break (3 sur 10), le Suisse perdait totalement pied et donnait même le sentiment en fin de match d'accepter la supériorité du Majorquin.
Bien que la majeure partie de ses montées au filet se concluait victorieusement (30-41), Federer était incapable de se faire violence pour poursuivre dans cette voie ultra-offensive. Alors que Nadal appliquait une tactique très simple (service sur le revers, lift bondissant pour repousser l'adverse et le pousser à la faute), le Suisse faisait preuve d'un manque de lucidité flagrant qui lui faisait commettre 51 fautes directes qui lui faisait dire :" C'est dommage mais la vie continue. J'ai hâte de retrouver le gazon désormais". Un chiffre bien trop important pour espérer. Seul son service lui permettait de garder la tête hors de l'eau mais après à peine plus de trois heures de jeu, il déposait logiquement les armes au pied du roi : Nadal II, toujours invaincu à la Porte d'Auteuil !
ROLAND-GARROS 2006
Même s'il ne l'avoue pas, Roger Federer a de quoi être déçu. En rendant les armes en finale de Roland-Garros face à Rafael Nadal, le Suisse a raté sa première occasion de faire aussi bien que Rod Laver, unique joueur du circuit ATP sous l'ère Open à réaliser le Grand Chelem : c'est-à-dire gagner les quatre tournois majeurs sur une année ouvrée.
Avant cela, Roger Federer avait enchaîné 27 victoires consécutives en Grand Chelem, le record étant détenu également par le même Laver avec 29 succès d'affilée. Depuis Wimbledon en 2003, personne ne l'avait contrarié et le Suisse devenait humblement le troisième joueur de l'histoire à jouer quatre finales de Grand Chelem de suite.
Un vrai match de... ping-pong
Mais voilà, cette saison, Nadal aura été le bourreau n°1 du n°1 mondial avec quatre victoires, les quatre seules défaites de Federer en 2006. Depuis les demi-finales de Roland-Garros 2005, tous les tournois auxquels a participé le Suisse se sont soldés à chaque fois par une finale, soit quatorze finales en quatorze tournois, pour neuf victoires. Depuis Indian Wells 2006, Nadal l'a rencontré trois fois de suite, occasionnant trois défaites du Suisse, sans trophée depuis deux mois. Il faut remonter à fin 2003 pour retrouver pareille disette.
Si Nadal continue à améliorer son record de victoires consécutives sur terre battue (60 après la finale de Roland-Garros), l'Espagnol a remporté 17 titres en 19 finales disputées : les deux lui ayant échappé étant Auckland en 2004 face à Hrbaty et Miami en 2005 face à... Federer. Mais c'est bien Igor Andreev, à Valence en 2005, qui est le dernier à avoir battu le Majorquin sur la surface ocre.
Après six revers en sept matches, que pouvait faire Federer ? A Paris, Nadal est un phénomène : il est devenu le premier joueur à remporter les Internationaux de France deux fois lors de ses deux premières participations. En obtenant au passage un 14e succès de suite en finale. Et devinez qui est le recordman avec 27 succès consécutifs ? Roger Federer bien sûr. Comme qioi, on a beau tourner les records dans tous les sens, on revient toujours au numéro un mondial.