Diego Maradonna peut exulter. Depuis le début de la Coupe du monde, "el Pibe de Oro" s'agite dans les tribunes à chaque but de l'Argentine. Et en Allemagne, il a des raisons de s'extasier. En deux matches, les Argentins ont séduit et renversé les pronostics du Mondial. Après leur succès contre la Côte d'Ivoire (2-1) malgré des sautes de concentration et leur démonstration face à la Serbie-et-Monténégro (6-0), les Gauchos ont presque détrôné le Brésil pour le titre de grand favori de la compétition.
Arrivée sur la pointe des pieds en Europe après son échec en 2002, la sélection argentine a conquis tout le public. Placée dans le "groupe de la mort", elle s'est qualifiée pour les huitièmes de finale avant le dernier match et s'est offerte le luxe d'humilier la meilleure défense des éliminatoires européens. Pour se qualifier au Mondial, les Serbes n'avaient pris qu'un but. Vendredi, Kezman et consorts ont été cherchés à six reprises le ballon dans leur filet ! "Nous avons rencontré une superbe équipe aujourd'hui. Dans ces conditions, il n'y a pas de honte à perdre", a résumé Mladen Krstajic.
Riquelme chef d'orchestre
Comme la Côte d'Ivoire, la Serbie-Monténégro n'a pu que constater les dégâts. Match après match, le collectif argentin impressionne. Depuis son arrivée à la tête de la sélection en septembre 2004, José Pekerman a changé le visage de l'équipe et imposé son style. Après le football rapide de l'ère Bielsa, l'Argentine pratique désormais un football plus posé, plus argentin. En s'appuyant sur des joueurs plus techniques comme Saviola ou Riquelme (délaissés à l'époque de Bielsa), Pekerman avait été énormément critiqué. Aujourd'hui, tout le monde s'enthousiasme pour le jeu court, le talent et l'efficacité des Argentins.
En effet, alors que les individualités auriverde attirent tous les regards, le collectif de l'Argentine séduit. Avec ce retour au jeu plus lent inspiré du "Toque", Juan Roman Riquelme s'est imposé comme le métronome de l'équipe. Souvent critiqué pour sa lenteur, le meneur de Villarreal s'épanouit sous le maillot du double champion du monde. Toujours juste, il a l'art de placer ses coéquipiers dans les meilleures conditions et a été impliqué dans la plupart des buts contre la Serbie. "Je crois que tout le monde - nous sur le terrain, les supporters argentins présents ici et ceux restés au pays - apprécie notre manière de jouer. Personnellement, je prends énormément de plaisir sur le terrain" , avoue Riquelme.
Un banc très riche
Avec une colonne vertébrale solide (Ayala, Heinze, Riquelme et Cambiasso), la mécanique bien huilée des Argentins peut en plus s'appuyer sur un effectif très dense. Les entrées en jeu réussies de Cambiasso, de Lionel Messi et de Carlos Tevez, tous auteurs d'un but contre les Serbo-Monténégrins, ont démontré la profondeur du banc. Avec Tevez et Messi, Pekerman possède des joueurs plus explosifs qui pourraient venir apporter de la profondeur au jeu des Gauchos à tout moment. "L'Argentine a une sélection étoffée et elle joue pour gagner", a prévenu le sélectionneur.
Après ces deux matches, les Argentins, éliminés au premier tour il y a 4 ans, ont effacé la déroute du Mondial 2002. Et si la première place sera en jeu, ils vont pouvoir aborder le dernier match contre les Pays-Bas sereinement. L'attente des supporters argentins va maintenant être énorme. Et la pression risque d'être pesante sur une sélection où 19 joueurs découvrent la Coupe du monde mais Riquelme ne s'inquiète pas. "Je pense qu'on n'a pas encore vu le meilleur match de l'Argentine. Je suis convaincu que nous pouvons encore progresser. Nous sommes très satisfaits de ce que nous avons fait, mais nous avons bien l'intention de monter en puissance", annonce le meneur de jeu.