Calzati, Lorient express !
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Enfin une échappée victorieuse sur le Tour 2006! Le Français Sylvain Calzati (AG2R) s'est imposé en solitaire à Lorient, en distançant ses compagnons d'échappée dans le final. Une victoire pleine de culot et de talent. L'Ukrainien Serhiy Honchar (T-Mobile) conserve le maillot jaune.
En partant dimanche midi de Saint-Méen-le-Grand, la terre natale de Louison Bobet, le Tour de France souhaitait rendre hommage au triple vainqueur de l'épreuve. 181 kilomètres plus loin, et un peu plus de quatre heures plus tard, Sylvain Calzati y est allé lui aussi de sa dédicace au grand champion breton. Attaquant né, Bobet n'aurait certainement pas renié le numéro du Rhodanien. Vainqueur en solitaire en associant panache et maîtrise, le coureur AG2R a signé le plus beau succès d'une carrière lancée sur de très belles bases en 2004, mais que de multiples pépins de santé avaient freinée depuis. A 27 ans, Calzati s'est remis sur les bons rails à Lorient.
Avant ce final à frisson, cette dernière escapade bretonne n'avait pourtant pas suscité un fol enthousiasme, avec son scénario on ne peut plus classique. Pour un peu, elle aurait ressemblé, comme le disaient les anciens, à l'épée de Charlemagne: longue, plate et mortelle... Après plusieurs soubresauts, la bonne échappée a pris forme à environ 130 kilomètres du but, avec six hommes en son sein. Calzati était accompagné de Patrice Halgand (Crédit Agricole), du Suédois Kjell Carlstrom (Liquigas), du Belge Mario Aerts (Davitamon), de l'Allemand Matthias Kessler (T-Mobile) et d'un des grands battus de la veille, l'Américain David Zabriskie (CSC).
Les Phonak se dévoilent
Protégeant à distance le maillot jaune de son coéquipier Serhiy Honchar, Kessler annonça rapidement la couleur en ne prenant pas le moindre relais. En agissant de la sorte, il se condamnait à ne pas jouer la victoire d'étape, sous réserve de lynchage par ses compagnons de route. Après tout, l'Allemand avait déjà son étape en poche depuis son coup de force dans le Cauberg, mardi dernier. Mais il constituait une menace suffisamment crédible au général pour que certains sortent de leur réserve dans le peloton.
Une fois l'écart posté sur des hauteurs promptes à donner un léger vertige (7'30"), on a ainsi vu les Phonak de Floyd Landis pointer le bout du nez en tête du peloton. Pas question de mener une poursuite effrénée, certes. Mais les hommes de John Lelangue ont tout de même été les premiers à se dévoiler dans ce Tour où l'on cherche encore un patron, et ce n'est pas la moindre information de la journée. L'avenir affirmera peut-être le contraire, mais il n'est tout de même pas sûr que la Phonak ait joué le coup intelligemment. On imagine déjà les T-Mobile se régaler à l'idée de lancer un de leurs six leaders à l'avant de la course dans les prochains jours en se disant: "tiens, faisons rouler un peu Landis".
Le jour pour attaquer
Sous l'impulsion des Jaune et Vert, l'avance des échappées ne pouvait que fondre. Mais l'ambition des Phonak étant simplement de réduire l'écart, et non de le combler complètement, les six de devant étaient tout sauf condamnés. Avec une margé limitée autour de 2'30" à 30 kilomètres de l'arrivée, il devenait tout de même urgent d'agir, avant que les équipes de sprinters ne décident, éventuellement, de passer à la vitesse supérieure. Sylvain Calzati l'a compris, plus vite et mieux que tout le monde, en laissant le reste de l'échappée se débrouiller. A 30 bornes, il lui restait suffisamment de jus sous la pédale pour aller au bout.
La victoire s'est alors jouée en l'espace de cinq kilomètres, ceux pendant lesquels Patrice Halgand essaya de revenir sur son compatriote. Calzati aurait pu l'attendre, se dire qu'on est plus forts à deux. Mais à l'aveu de faiblesse, il a préféré se sentir fort. Avec raison. C'est finalement Halgand qui décida de se relever pour attendre Carlstrom, revenu de l'arrière. Pourtant, même à deux, ils n'avaient pas assez de jambes pour priver Calzati de son rêve. Le peloton non plus. Lessivé par une semaine d'efforts et les stigmates du chrono, il laissa faire, pour la première fois depuis le début du Tour. C'était le jour pour attaquer. C'était le jour de Calzati.
Etape 8: Déclarations
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Retrouvez les principales réactions enregistrées dimanche à Lorient, à l'issue de la huitième étape du Tour de France 2006. Pêle-mêle, Patrice Halgand, présent dans la bonne échappée mais qui a laissé filer la victoire, ou encore Matthias Kessler et Serhiy Honchar.
Patrice Halgand (FRA - 3e de l'étape): "Il ne m'a pas manqué grand chose. En partant loin de l'arrivée, Calzati nous a un peu surpris. J'ai pensé que Zabriskie ou Kessler allaient boucher le trou. Quand j'ai essayé, c'était trop tard. Dans le final, je n'avais plus beaucoup de forces. Sylvain a fait un numéro, c'est bien que ce soit un Français qui gagne."
Philippe Gilbert (BEL - 28e de l'étape): "On avait pour consigne de se trouver dans les échappées. J'en ai raté une. Notre punition a été de devoir rouler derrière. On a contribué à ce que le peloton revienne mais les vraies équipes de sprinteurs n'ont pas roulé. Tant mieux pour celui qui a gagné...".
Benoît Vaugrenard (FRA - 117e de l'étape): "On a eu tout faux. Je suis déçu pour l'équipe. Nous espérions bien gagner cette étape propice aux échappées. Il y a eu beaucoup d'essais, aucun transformé".
Serhiy Honchar (UKR - Leader): "La Bretagne continue à me porter bonheur. J'y ai remporté mon titre mondial de contre-la-montre à Plouay. Aujourd'hui, je n'ai pas connu de problèmes majeurs. Je continue à savourer ce maillot jaune".
Matthias Kessler (T-Mobile): "Tous s'est bien passé pour nous aujourd'hui. On pourra se reposer lundi. Ça va faire du bien aux organismes. En ce qui me concerne, je n'ai pas roulé dans l'échappée, mais il était juste que je ne dispute pas la victoire d'étape dans le final. J'étais focalisé sur Zabriskie, je devais le marquer. Quand Calzati a attaqué, il n'était pas question de lui sauter dessus. Je suis heureux pour lui."
Kim Andersen (Directeur sportif CSC): "Nous avons tout tenté aujourd'hui. C'est d'abord Jens Voigt qui a attaqué. Il avait prévu d'être très actif, car il avait couru tranquillement le chrono. Mais personne n'a voulu le laisser partir. Nous avnos donc décidé de jouer la carte de David Zabriskie. Il a pu prendre la bonne échappée, mais malheureusement, quand Calzati a démarré, il n'a pu le suivre. Au moins, il rentre dans les dix premiers au classement général."