Freire prend son tour
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Tout en puissance, Oscar Freire s'est offert la 5e étape du Tour de France, jeudi à Caen. L'Espagnol a devancé au sprint Tom Boonen, encore battu, et toujours en quête de son premier succès sur cette édition 2006. Le champion du monde conforte tout de même son maillot jaune de leader.
Tom Boonen n'y arrive pas. Les jours passent, l'impression demeure. Alors que le Tour a essuyé ses premières gouttes de pluie sur les routes normandes, l'horizon du champion du monde ne s'est pas complètement éclairci. Sprint après sprint, il tombe systématiquement sur un os. La cinquième tentative n'a pas été la bonne et l'on finit par se dire que Boonen n'est peut-être plus aussi fort qu'en début de saison. Tout simplement. Après Jimmy Casper et Robbie McEwen à deux reprises, il s'est cette fois cassé les dents sur la roue arrière d'Oscar Freire.
L'Espagnol s'est rappelé au bon souvenir de tous à Caen, en déboulant comme une fusée sur la droite de la chaussée à 200m de la ligne, avant de résister sans problème à la tentative de retour de Boonen, privé de ce surplus de puissance qui lui permet si souvent de faire la différence. Bien sûr, Boonen profite des 12 secondes de bonification pour consolider son maillot jaune, qu'il arborera une troisième fois vendredi. Il repousse Michael Rogers à 13 secondes et ses camarades sprinters suffisamment loin pour envisager de porter la tunique jusqu'à samedi soir.
Freire, quatre ans après
Mais Tom Boonen est avant tout là pour gagner. C'est sur ce critère que la qualité de sa prestation juilletiste sera jugée. Il le sait. Patrick Lefevere parvenait d'ailleurs difficilement à masquer sa déception à l'arrivée. "L'important, c'est que Tom parvienne à conforter son maillot jaune. Bien sûr, on aimerait une victoire, mais bon, il y a toujours quelqu'un de plus rapide que lui au sprint. C'est la course", note le manager de Quick Step, un brin fataliste. Cette victoire, le double vainqueur du Tour des Flandres la voulait pourtant. Il a d'ailleurs mis son équipe à contribution pendant plus de 200 kilomètres derrière l'échappée du jour.
Suffisant pour ramener à la raison Samuel Dumoulin (AG2R) et Björn Schröder (Milram), qui ont poussé leur rêve jusqu'à un peu plus de trois kilomètres du but. Toutefois, en dépit des 12'50" alloués par le peloton, soit le plus gros avantage pour des fuyards depuis le départ de Strasbourg, l'hypothèse d'un sprint massif n'a jamais semblé devoir être remise en cause. Une fois la jonction opérée, Boonen mit encore à contribution son train bleu. Sous la flamme rouge, il lui restait encore deux atouts, dont le précieux Matteo Tosatto. Mais Boonen n'avait pas les jambes pour contrer Freire dans ce duel de champions du monde.
En retrait dans les sprints depuis le début du Tour, l'Espagnol de la Rabobank prouve qu'il peut encore mater tout le monde dans un bon jour. Quatre ans après son premier succès, du côté de Sarrebruck, il double ainsi son compteur personnel. Son Tour est d'ores et déjà réussi. A l'inverse, celui de Boonen laisse une impression mitigée, son beau maillot jaune ayant presque valeur de trompe-l'oeil. Le jugement peut paraitre sévère. Après tout, ils sont nombreux à envier la position de l'Anversois. Mais l'excellence appelle l'excellence et l'attente sera la même vendredi du côté de Vitré. D'autant que pour les sprinters de son espèce, les occasions de scorer vont commencer à s'amenuiser.
Etape 5: Déclarations
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Retrouvez les principales réactions enregistrées jeudi à Caen, à l'issue de la cinquième étape du Tour de France 2006. Pêle-mêle, le vainqueur du jour, Oscar Freire, Tom Boonen, toujours en panne de victoire, et Samuel Dumoulin qui a traversé la Normandie en tête.
Oscar Freire (ESP - 1er): "Toutes les victoires sont importantes, mais celle-ci me ravit particulièrement. Je suis d'autant plus comblé que j'estime être peut-être parti un peu trop tôt. Mais, il n'y a que le résultat qui compte. La façon dont j'ai sprinté aujourd'hui n'est pas dans mes habitudes. Surtout contre le vent. Flecha ignorait qu'il pouvait faire du très bon travail et j'ai été agréablement surpris. J'ai décidé de prendre l'initiative et le labeur de mon camarade m'a facilité les choses. Je vais continuer dans ce sens. Pour le maillot jaune, ce sera plus difficile, car il y a de très grands sprinteurs."
Tom Boonen (BEL - maillot jaune): "Je marche très bien. Je suis content en dépit de la victoire qui n'arrive pas. Depuis le début du Tour, notre équipe se montre très soudée et si je ne gagne pas, c'est essentiellement de ma faute. Le maillot jaune n'est pas le genre de choses à laquelle je m'attendais et on se battra pour le conserver le plus longtemps possible.
Depuis le début, je suis plus contrôlé que de coutume et les deux dernières étapes en sont la démonstration. Ici, c'est différent de Paris-Nice et quand tu te stresses, tu marches moins bien. Je vais essayer de bien figurer dans le contre-la-montre."
Robbie McEwen (AUS - 5e): "Steegmans a lancé le sprint à 500 m de la ligne. Ce qui était beaucoup trop tôt. Il m'a laissé au panneau des 300 m. Il m'était alors impossible de revenir avec le vent de face. Mais, immédiatement, il est venu me présenter ses excuses. Il avait tout simplement confondu les panneaux."
Samuel Dumoulin (FRA - 154e): "L'étape a été très longue, trop longue, avec beaucoup de vent qui m'a fait souffrir. J'étais moins fort sur la fin que Schroëder. Je me suis accroché à lui, comme j'ai pu. Je me suis battu. J'ai vécu une belle journée. J'ai connu des frissons et je suis finalement très content de moi."
Laurent Brochard (FRA - 12e): "J'ai participé au sprint car tous les jours, je me sens de mieux en mieux. La forme me revient. C'est sans doute parce que je ne ressens pratiquement plus de douleur."
Alexandre Moos (SUI - 76e): "Je commence à avoir les jambes lourdes à cause de la longueur élevée des étapes et de la chaleur. Aujourd'hui, la journée a été mouvementée à cause des orages. Et, en plus, cela roulait très vite dans les 50 derniers kilomètres. J'essaie de récupérer avant le montage car je suis désigné dans l'équipe pour donner un coup de main à Floyd Landis."