Honnêtement, n'avez vous jamais douté quant à savoir si la décision de BMW de créer sa propre écurie était une bonne idée ?
Mario Theissen : Je n'ai pas douté une seule seconde. C'était vraiment la seule décision possible. La volonté d'aligner une équipe BMW sur une grille de F1, est née grâce à ce que nous avons appris en tant que motoristes. Notamment, que l'importance du moteur n'est plus aussi prépondérante qu'autrefois. Mais surtout, nous avons toujours été convaincus que le succès n'est possible qu'avec des structures solides et intégrées à l'équipe. Le travail conjoint des sites de Munich et Hinwill porte ses fruits. J'en suis heureux, mais ça ne signifie pas pour autant que nous n'analysons pas nos méthodes de travail. Après tout, nous sommes toujours en phase de développement.
Comment voyez-vous les progrès de l'équipe après les huit premières courses de la saison ?
M.T. : Très prometteurs. Nous avons marqué des points lors de six courses sur huit et nos deux voitures ont fini dans les points à deux reprises. Le Grand Prix de Grande Bretagne, en particulier, a été très positif pour nous. Nous avons été parmi le top 4 des écuries durant tout le week-end. Nous avons terminé 7e et 8e sans bénéficier d'abandons. Ca représente un grand pas en avant depuis nos débuts de l'année dernière.
Mais, les résultats mis à part, êtes vous satisfait des progrès de l'équipe ?
M.T. : Nous sommes au beau milieu d'une phase de développement qui doit durer deux ans. Ce n'est jamais facile de construire une écurie de F1 et je tire mon chapeau aux équipes de Hinwil et Munich pour ce qu'elles ont réalisé ces derniers mois. Elles ont pour ainsi dire travaillé 24 heures sur 24 !
Est-ce que votre département aérodynamique est désormais prêt à rivaliser avec les grandes écuries ?
M.T. : Notre soufflerie de Hinwil est une des meilleures, pour ne pas dire la meilleure. D'ici peu nous pourrons, à l'image des grandes équipes, l'utiliser 24 heures sur 24. Nos efforts sont d'ailleurs déjà récompensés puisque la corrélation entre nos recherches et les développements apportés à la voiture en course, nous a permis de la faire évoluer à chaque Grand Prix.
Est-il vrai que vous comptez agrandir vos installations de Hinwil ?
M.T. : Oui, nous allons construire de nouveaux locaux et accueillir d'autres collaborateurs...
Quels sont vos objectifs pour la deuxième moitié de 2006 ?
M.T. : Combler la seconde et demie par tour qui nous sépare des équipes de tête et faire mieux que la 8e place de l'année dernière, au classement des constructeurs. On est bien placés pour atteindre ces objectifs.
Vous êtes actuellement 5e, la 4e place est-elle envisageable ?
M.T. : Nous ne devrions pas être délogés de la 5e place. On est toujours tenté de chasser les équipes devant soi, mais si nous gardons cette position jusqu'à la fin de la saison, nous aurons atteint un de nos objectifs.
En termes de fiabilité, seul Renault fait mieux que BMW Sauber. Comment avez vous réussi ce tour de force ?
M.T. : La fiabilité à toujours été notre priorité, avant même la performance pure. Nous avons eu notre lot de problèmes, nous aussi, mais ça nous a permis de devenir réactifs quant-à leur résolution.
Comment se passe l'intégration des sites de Hinwil et Munich au jour le jour ?
M.T. : Dès le premier jour, il s'est révélé que nos façons de penser et d'envisager la course étaient similaires. Notre base commune est la volonté de construire un Top Team sans bruler les étapes. Notre efficacité au jour le jour est à mettre au crédit d'une excellente communication entre les différents sites.
Êtes vous souvent à Hinwil ?
M.T. : J'y suis un jour ou deux par semaine. Rencontrer les gens est un aspect important de mon travail entre deux Grand Prix. Mon bureau est toujours à Munich, où je m'occupe aussi de nos autres implications en sport automobile. Nous tenons autant à défendre notre titre en voitures de tourisme FIA WTCC qu'à renforcer le succès des quatre formules BMW (Allemagne, Asie, Etats Unis et Grande Bretagne).
Comment résumeriez-vous le niveau de compétition en F1 cette saison ?
M.T. : Les choses sont différentes cette année. Beaucoup d'équipes sont très compétitives et le peu d'écart entre certaines d'entre elles m'a surpris. Aucune ne peut réellement être sûre d'être dans les dix derniers de la séance de qualification... il y a beaucoup de tension et d'excitation en ce moment.
Comment voyez-vous l'avenir de la F1 ?
M.T. : Avec les récents accords entre les différents protagonistes de la F1, ce sport à tout pour s'assurer un futur très prometteur.
Comment voyez-vous le niveau de performance de vos trois pilotes ?
M.T. : Nous sommes très heureux ! Nick Heidfeld est aussi talentueux qu'on s'y attendait, aussi bien en course que pour le développement de la voiture. Jacques Villeneuve prouve à ses détracteurs qu'ils ont tort. Il est très motivé et à nouveau en excellente condition, ce qui me réjouit ! Notre 3e pilote, Robert Kubica est un diamant brut. C'était effectivement risqué d'engager un pilote aussi jeune et inexpérimenté, mais nous sommes très satisfaits de son travail. Il aura sa place en F1 un jour.
Qui pilotera les BMW en 2007 ?
M.T. : Nous aurons toujours une équipe très forte en 2007, mais notre décision définitive attendra la fin de la saison.