FRANCE - SUISSE: 0-0
Les premiers pas des Bleus dans ce Mondial étaient attendus avec impatience. Entre l'ancienne et la nouvelle génération, la synthèse devait s'opérer à Stuttgart. Mais les fantômes de 2002 ont resurgi. Comme en Asie, les coéquipiers de Thierry Henry n'ont pas réussi à trouver le chemin des filets face à un adversaire qu'ils connaissent pourtant par coeur avant leur 5e confrontation depuis août 2003. Au total, quatre matches et 360 minutes sans marquer en Coupe du monde. Mais, plus que le résultat, c'est la manière qui inquiète. Sous une grosse chaleur, l'équipe de Domenech s'est montrée brouillonne et a souvent été bousculée par la Suisse. Le passage au 4-2-3-1, avec un Ribéry sans doute trop attendu, n'a pas non plus été un succès.
Première période : Les Suisses trouvent le poteau
Brassard en hommage à Djibril Cissé au poignet, les 11 Bleus débutent dans un Gottlieb-Daimler-Stadion où ils étaient déjà venus battre l'Allemagne en 1996 mais rempli pour l'occasion d'une majorité de supporters suisses. Comme à Berne ou à Saint-Denis, les deux adversaires se craignent et laissent peu d'espaces. Les Bleus, qui ont souvent répété l'importance de remporter ce premier match face à leur principal rival, ne sont pourtant pas passés loin de la victoire. Les Suisses non plus. Mais on ne peut pas dire que Zuberbühler ait été souvent sollicité. Dans les premières minutes, le changement de système semble pourtant d'abord porter ses fruits sur les côtés. Des promesses qui allaient rester vaines.
Franck Ribéry, constamment recherché dans les premières minutes, essaie d'apporter ce que l'on attendait de lui : provoquer, sans toujours connaître la réussite (31e). Trop isolé, Thierry Henry a quant à lui du mal à retrouver sa place seul dans l'axe (6e, 22e, 39e, 41e). Les deux hommes sont pourtant à l'origine de la meilleure action tricolore. Mais, si les Bleus jouent beaucoup sur Ribéry, Ribéry joue parfois trop pour les Bleus. Ainsi, le Marseillais, parti dans le dos de la défense, n'ose pas prendre sa chance et préfère servir Henry en retrait. Pas forcement idéalement servi, Titi trouve la main de Patrick Müller, évidente mais involontaire selon l'arbitre (37e). Comme souvent lors des éliminatoires, le potentiel offensif des Tricolores est là mais a du mal à s'exprimer.
Les Helvètes ont aussi eux leur chance. Il faut attendre un premier tir lointain de Cabanas (12e) et surtout une belle frappe tendue de Barnetta (18e), la première cadrée du match, pour voir le danger s'approcher. Ce sont toutefois les Suisses qui se montrent les plus dangereux en prenant à défaut la défense française. Sur un coup franc de Barnetta, Barthez est ainsi heureux de voir le ballon mourir sur son poteau. Mais Alexander Frei, couvert pas Thuram, manque d'ouvrir le score sans un sauvetage in extremis d'Abidal (24e). La plus grosse occasion de la première période.
Seconde période : Barthez, le sauveur
Après la pause, la chaleur de Stuttgart semble accabler les 22 acteurs. Alors qu'ils ont réussi à apporter de la vitesse en passant par les ailes, les Bleus continuent d'insister dans l'axe. Muet dans le rôle du buteur, Thierry Henry tente alors d'endosser le costume de passeur. Mais Patrick Vieira (48e) puis Claude Makelele (48e), qui manquent le cadre, ne parviennent à en profiter. Franck Ribéry, coupable en première période, tente cette fois de prendre sa chance, sans succès (59e). Face à ce manque d'inspiration, Willy Sagnol tente alors de porter le danger devant mais les Suisses en profitent pour prendre un couloir droit déserté. Et il faut un nouveau retour d'Abidal devant Barthez pour stopper Barnetta dans la surface (61e).
Au fil des minutes, les hommes de Kobi Kuhn prennent confiance. Parfois sur la défensive, ils se procurent néanmoins les plus belles occasions. Fabien Barthez doit même sortir un énorme arrêt pour repousser en deux temps la tête du Lillois Daniel Gygax (65e). Un flottement qui aurait pu coûter cher et qui vaudra à Zidane de rappeler sa défense à l'ordre, Thuram et Gallas en tête. Sans doute en a-t-on demandé trop à Ribéry qui, après une première en demi-teinte, cède sa place à Louis Saha pendant que David Trezeguet ronge son frein sur le banc. Domenech revenait donc au système à deux attaquants qui avait prévalu lors des matches de préparation.
La réussite n'est toujours pas au rendez-vous. Les Bleus peinent à construire leurs actions des deux côtés du terrain. Mais le meilleur reste à venir avec l'entrée de Vikash Dhorasoo à la place de Wiltord (84e). Un coaching surprenant mais qui aurait pourtant pu être payant. Après une dernière montée de Sagnol (87e) ou un coup franc de Zidane (88e), le Parisien profite d'une belle déviation de Saha pour frôler le poteau (90e). La plus belle occasion, voire la seule, de la seconde période. Derrière, Frei donne une dernière frayeur au camp tricolore de la main (90+2). La France peut finalement soulever un ouf de soulagement après un troisième nul face au voisin suisse. Mais il y a encore du travail avant d'affronter une Corée du Sud en position de force, dimanche. En attendant, le Mondial a débuté sans la France.
L'HOMME DU MATCH : Eric Abidal
Privé de Florent Malouda, le Lyonnais s'est montré bien moins offensif que lors des matches de préparation. Positionné étrangement bas, Eric Abidal s'est contenté de défendre. Mais son travail a été impeccable. Rarement au sol et vigilant, il a gêné Alexander Frei sur la plus chaude occasion de la première période (24e) et repoussé le danger sur un centre dangereux de Barnetta (62e) lors des 45 dernières minutes. Dommage qu'il ait écopé d'un carton jaune (64e).
Le jeu et les joueurs
LA DECLA : Thierry Henry
"Le match nul n'est pas quelque chose de scandaleux. On a récupéré le ballon plus haut, contrairement aux matches de préparation, et on a trouvé des joueurs dans le dos de la défense. En deuxième période, il faisait chaud et refaire les mêmes appels qu'en première, c'était difficile. Jouer par ce temps-là, c'est pas évident. Cela aurait pu être pas mal avec le petit penalty pour nous... En deuxième, ça a été plus difficile à cause de la chaleur. Louis (Saha) nous a apporté quelque chose, on a pu jouer un peu plus long."