Record égalé pour Robbie McEwen. Après à peine une petite semaine de course, l'Australien a déjà fait aussi bien que l'an dernier, lorsqu'il avait enlevé trois étapes sur le Tour d'Italie. Mais en 2005, il avait dû attendre la 10e étape pour signer son troisième succès. Il est allé beaucoup plus vite cette année. Intouchable, le natif de Brisbane a dominé les trois sprints massifs depuis le départ de Seraing. Débarrassé d'Alessandro Petacchi, qu'il avait dominé dimanche dernier à Charleroi, McEwen n'a plus de rival à sa mesure.
Sous le soleil de Forli, qui n'avait plus accueilli le Giro depuis 1977 et un succès... au sprint de Freddy Maertens, McEwen a devancé d'une demi-roue Olaf Pollack, toujours placée mais toujours pas gagnant. Quoi que. L'Allemand n'a pas tout perdu dans l'affaire. Grâce à l'excellent contre-la-montre par équipes de la T-Mobile jeudi, il s'était replacé à dix secondes seulement du maillot rose. Or il a raflé 12 secondes de bonification vendredi. Le compte est bon. Pollack devient le nouveau leader du Giro, au détriment de son coéquipier Serhiy Honchar, très éphémère maglia rosa.
Ullrich tranquille
Incontestablement en position de force après sa performance collective de la veille, la Magenta avait donc deux bonnes raisons de rouler derrière l'échappée fleuve du jour, qui anima (à peine) cette étape de transition qui aura rarement aussi bien porté son nom, coincée qu'elle était entre le chrono par équipes et un week-end épicée avec l'apparition de la montagne. En contrôlant les fugitifs, les T-Mobile protégeaient non seulement les intérêts d'Honchar, mais ils préparaient également le terrain pour Pollack.
La détermination des hommes de Rudi Pevenage, et l'aspect rectiligne du tracé, ne laissaient quasiment aucun espoir à Christophe Edaleine, Sergiy Matveyev et Andoni Aranaga, les trois courageux du jour. Partis dès le 6e kilomètre, ils ont tenu plus de 200 bornes à l'avant de la course, mais sans jamais prendre une marge de manoeuvre suffisante pour y croire, ne serait-ce qu'un petit peu. Avec une avance maximale culminant à six minutes, le trio était très loin du compte, mais il aura au moins eu le temps de se montrer.
Le règne d'Olaf Pollack risque tout de même de ne pas être beaucoup plus long que celui d'Honchar ou Schumacher. Ce week-end, la route va en effet commencer à s'élever, avec le premier col digne de ce nom samedi et la première arrivée au sommet le lendemain. Pas de quoi délivrer le nom du vainqueur de ce Giro 2006, mais sans doute de quoi procéder à un premier écrémage. En attendant, chez T-Mobile, on savoure. Même Jan Ullrich semble ragaillardi depuis le chrono par équipes. Très détendu, plus à l'aise sous le soleil italien que sous la pluie belge, Jan the Man s'est même permis de faire deux-trois blagues devant la caméra. Pas sûr qu'il rigole encore autant dans 48 heures...
