C'est le raz de marée qui a fait déborder le vase... Le groupe Liberty a annoncé dans un communiqué qu'il mettait un terme à son partenariat avec l'équipe cycliste à laquelle il avait donné son nom. L'arrestation de Manolo Saiz, emblématique manager de la formation espagnole, a eu raison de la patience de l'assureur américain: "Nous nous retirons en raison du tort causé à notre nom et au nom du cyclisme. C'est une conséquence de l'arrestation de Manolo Saiz, directeur sportif et actionnaire majoritaire d'Active bay" (NDLR: société propriétaire de l'équipe Liberty).
Liberty va donc se retirer de manière imminente. Quand? Il reste une incertitude à ce propos. Peut-être dès vendredi. Peut-être en fin de semaine, ce qui permettrait aux coureurs engagés sur les diverses épreuves en cours, notamment le Tour d'Italie. Marino Lejarreta, directeur sportif de l'équipe Liberty sur le Giro, a déclaré à la RAI que sa formation continuait la course. "J'ai à conduire l'équipe jusqu'à Milan. La société communiquera ensuite sa décision. Le moment est difficile, certes mais nous pouvons aussi continuer sans sponsor", a estimé l'ancien grimpeur.
Quoi qu'il en soit, près d'une trentaine de coureurs professionnels vont se retrouver quasiment du jour au lendemain sur le marché des transferts. Et pas des moindres. On pense notamment à Alexandre Vinokourov. Venu cet hiver chez Liberty Seguros afin de bénéficier d'un statut de véritable leader sur le Tour de France, que n'avait jamais pu lui offrir T-Mobile, Jan Ullrich oblige, le Kazakh est un gros poisson à attraper.
Vino sur le marché
Bien sûr, il coûte cher. Mais Vino veut absolument disputer le Tour, dont il a fait l'objectif unique de sa saison. Sans doute sera-t-il disposé à accepter un petit sacrifice... On devrait en tout cas voir plusieurs équipes se manifester dans les jours ou les semaines à venir. Pourquoi pas les équipes françaises? On se souvient que l'été dernier, le Crédit Agricole et AG2R s'étaient manifestés. Il y aura de toute façon d'autres très bons coureurs à récupérer, comme Andrey Kashechkin, compatriote de Vinokourov.
Au-delà des cas particuliers, cette nouvelle affaire vient s'ajouter à la (trop) longue liste de scandales qui ont pollué la vie du cyclisme ces dernières années. L'an dernier, Liberty Seguros avait déjà accusé le coup lorsque le contrôle positif de Roberto Heras sur le Tour d'Espagne avait été révélé, peu après sa quatrième victoire historique dans la Vuelta. Déjà, le sponsor américain s'était interrogé sur son maintien ou non dans le milieu. L'arrestation de Manolo Saiz a fini de le convaincre.
L'assureur, qui qualifie de "hautement préoccupantes les conséquences de l'arrestation de Manolo Saiz", a refusé de confirmer jeudi le chiffre de 8 millions d'euros avancé par la Cadena Ser pour évaluer le montant de son apport à l'équipe espagnole. "En tant que partenaire, Liberty Seguros a toujours voulu promouvoir la culture du fair-play et la tolérance zéro en matière de dopage, explique le communiqué. En novembre 2005, après la suspension d'un cycliste (NDLR: Heras) pour dopage nous avons fait de notre contrat l'un des plus rigoureux sur ce sujet." Cette fois, trop, c'est trop.