Attendue comme le morceau de choix du Giro 2006, la 17e étape aura fait un flop. La faute à une météo calamiteuse à l'origine d'un raté total sur un parcours qui aurait pu offrir un peu de rebondissements à une épreuve jusque-là écrasée par Ivan Basso. Mais une fois encore, ses adversaires n'auront vu du maillot rose que son dos dans la montée finale, sauf le bienheureux Leonardo Piepoli qui passa une fois encore la ligne devant le leader de la CSC.
Si l'organisation, pourtant critiquée en début de Giro pour sa mauvaise gestion du transfert Belgique-Italie, n'a rien à se reprocher, cela aurait bien pu lui retomber dessus. Premier coup de tonnerre: le peloton, Gibo Simoni et Wladimir Belli en tête, proteste contre le maintien du parcours prévu et demande une modification en raison des chutes de neige sur le Passo delle Erbe et le Plan de Corones, les deux principales difficultés du jour. Les coureurs obtiennent finalement gain de cause avec la suppression de la montée du Passo delle Erbe. Le peloton s'élance avec 20 minutes de retard sur l'horaire prévu.
De haut en bas
Le second coup de théâtre intervient en pleine course. D'une grosse étape de montagne, la 17e levée du Tour d'Italie tourne à la mauvaise transition lorsque la direction de l'épreuve décide d'amputer la course des six derniers kilomètres. L'arrivée se fera finalement au Passo di Furcia plutôt qu'au Plan de Corones. Oublié le chemin de terre que devait emprunter le peloton. Oubliées les pentes à plus de 20% des derniers kilomètres qui faisaient l'intérêt de la sortie. Balayé par une tempête de neige, le Plan de Corones s'est refusé aux grimpeurs qui espéraient sans doute égratigner quelque peu l'outrageuse domination de Basso.
Finalement, personne ne sortira gagnant d'une telle journée. Dans le froid, sous la pluie et scotchés à leur oreillette pour connaître l'évolution du parcours, les coureurs ont vécu une journée calamiteuse, qui a heureusement su se préserver de chutes qu'elle pouvait laisser envisager. Le Français Benoît Poilvet (Crédit Agricole) et l'Italien Dario Cioni (Liquigas) auront sans doute quelques motifs de satisfaction après avoir semé le peloton un peu moins de 100km. Après sa 5e place au Monte Bondone, John Gadret (AG2R) a de nouveau répondu présent mercredi (6e), Sandy Casar suivant à quelques encablures (11e). Les ténors tricolores sont bien présents.
Les chevaliers de l'Apocalypse
Ils restent toutefois un ton en-dessous des ténors. L'échappée reprise au pied de l'ascension finale, la dernière attaque menée par les favoris a logiquement fait exploser le gros des troupes détrempées. Savoldelli, Simoni ou encore Di Luca distancés, il n'était plus que quatre à jouer la gagne dans le dernier virage. Et parmi eux, l'incontournable Basso, plus que jamais maître de la course, et son dauphin, l'épatant Gutierrez, toujours là.
Le scénario a bien failli se répéter une nouvelle fois, mais en plus de ses bonnes jambes, le maillot rose a visiblement de bonnes oreilles. En conférence de presse, après la démonstration de Basso au Monte Bondone, Gilberto Simoni avait demandé à l'ogre de la CSC "un peu de mansuétude maintenant que le Giro est plié" . Bien lui en a pris, même si c'est un de ses coéquipiers qui en a profité. Car de l'étape de mercredi, on ne retiendra finalement que le geste d'Ivan Basso qui laissa, sans combattre, cette drôle de victoire à un Leonardo Piepoli qui double la mise après l'arrivée à La Thuile. Un grand champion qui sait aussi se montrer grand seigneur. Comme les plus grands finalement.
