L'Italien Giancarlo Fisichella (Renault) ne décolère pas samedi soir après les qualifications du Grand Prix d'Europe de Formule 1 : il accuse Jacques Villeneuve (BMW Sauber) d'avoir ruiné sa course en le freinant et en l'empêchant de faire mieux que la 11e place sur la grille. "C'est inacceptable! Je suis très déçu, en colère, sur les nerfs! C'est un champion du monde, un professionnel", s'indigne le pilote italien. Il est persuadé d'avoir été gêné par le Canadien, champion du monde de F1 en 1997, dans son tour rapide lors de la deuxième phase des qualifications. N'ayant obtenu que le 13e temps, le pilote Renault n'a pas pu participer à la dernière phase.
"Je suis 13e sur la grille à cause de lui ! Ça veut dire qu'il me sera impossible de gagner et même de monter sur le podium !" , s'insurge Fisico. Grâce au recul des Williams-Cosworth de Mark Webber et Nico Rosberg qui ont changé de moteur, il s'élancera en fait de la 11e position.
Sanction
Sur les images de la caméra embarquée de Fisichella, à plusieurs reprises l'Italien fait des signes de la main au Québécois, mais la BMW Sauber de ce dernier semble bien loin pour pouvoir gêner la Renault. Néanmoins, les commissaires de course appointés par la Fédération internationale de l'automobile (FIA) ont estimé dans la soirée que Villeneuve avait effectivement gêné Fisichella, mais involontairement. Le Canadien a été pénalisé et s'élancera de la 9e place au lieu de la 8e, avec dans son sillage immédiat... Fisichella.
Il faut dire que l'explosion de rage de ce dernier a été particulièrement spectaculaire, surtout de la part d'un pilote habituellement discret. Eliminé des qualifications, il s'est rué dans le garage BMW Sauber, où Villeneuve attendait sanglé et casqué le début de la chasse à la pole pour laquelle, lui, s'était qualifié.
Arrivé devant le nez de la monoplace du Canadien, Fisico s'est mis à hurler, agitant un doigt menaçant devant un Villeneuve manifestement ahuri de ce débordement. "Je lui ai dit 'Qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est-ce que tu as fait ?' J'étais si excité que je ne pouvais pas dire grand chose d'autre!", raconte l'Italien.
"Payer"
Villeneuve, lui, déclare avoir entendu l'Italien lui dire "Je te le ferai payer !" Et il ne comprend pas ce déchaînement de colère. "Il avait l'air vraiment énervé, mais je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé" , explique le pilote, généralement reconnu pour sa droiture en piste. "Peut-être que je l'ai un peu freiné, mais je n'ai jamais eu l'impression qu'il était si proche de moi que ça. J'irai lui parler parce que je n'ai rien fait d'intentionnel", plaide-t-il.
Le désarroi de Fisichella est d'autant plus grand qu'une fois encore, son prodige de coéquipier Fernando Alonso a brillé, enlevant la pole position à Michael Schumacher pour deux dixièmes de seconde et prouvant ainsi le potentiel de la R26.
Et lui, Fisichella, a encore manqué une occasion de mettre à profit ce potentiel. Un ratage dommageable: son contrat expire à la fin de la saison et il joue son avenir chez Renault.
En effet, Alonso ayant déjà signé chez McLaren-Mercedes en 2007, l'écurie au Losange, pour conserver son statut de "top team", aura besoin de retrouver un pilote du calibre de l'Espagnol. Et si Renault décide de donner sa chance à son jeune pilote essayeur Heikki Kovalainen, il est peu probable que Fisichella, qui aura 34 ans en janvier, soit considéré comme la perle recherchée...