Ferrari est de retour aux affaires et Renault gère parfaitement les siennes ! Le championnat 2006 monte en pression ! La victoire de Michael Schumacher (Ferrari) sur la piste du Nürburgring, devant Fernando Alonso (Renault) et Felipe Massa (Ferrari) ne souffre aucune discussion tant la stratégie de la Scuderia a été exécutée au millimètre et au millième de seconde.
Et pourtant... au premier freinage, c'est bien Fernando Alonso qui vire en tête devant les Ferrari, suivies de Button (Honda) et Räikkönen (McLaren-Mercedes), deux "cadors" de la piste battant pavillon britannique. Mais depuis quelques mois et soyons clairs quelques années maintenant, ce sont les latins qui mènent le bal. Sur les contreforts du Mont Eifel, Alonso et les Ferrari ont fait le spectacle réalisant de part et d'autre une démonstration éclatante : pilotes brillantissimes, mécaniques huilées à la perfection et des stratèges dont la clairvoyance n'est plus à démontrer tant chez Renault que chez Ferrari !
Cette domination sans partage a donc éclipsé des faits de course qui n'ont finalement que des allures d'anecdotes. Ainsi au terme de la première boucle, la voiture de sécurité entre en piste, afin de dégager la monoplace de Liuzzi (Toro Rosso) meurtrie, après une touchette avec Ralf Schumacher (Toyota) en perdition et Coulthard (Red Bull Racing) sur sa trajectoire. Sitôt la course relancée, Alonso conforte sa première place en mettant du rythme et alignant les meilleurs tours en course. La réponse de Schumacher ne se fait pas attendre, les chronos s'affolent et Alonso ne parvient pas à creuser l'écart. Dans le camp Renault on sait qu' "il faudra au moins une seconde et demi lors du premier ravitaillement pour garder la première place", révèle Flavio Briatore depuis le muret des stands.
Schumacher patient
Pour Webber (Williams-Corsworth), parti de la 20e place après un changement de moteur, ce début de course est un régal. Il pointe au 12e rang, quand sa mécanique le traht i: transmission et hydraulique en berne ! Un tour plus tard, Alonso ravitaille et laisse le commandement à Schumacher. Massa vient de faire le plein également ; Schumacher reste en piste un tour de plus avant de changer de pneus. Quand il ressort, c'est derrière Alonso...
Le septuple champion du monde va devoir patienter, tandis que Massa prouve aux dirigeants de la Scuderia que son poste de titulaire n'est pas usurpé. Alonso, Schumi et Massa laisse la concurrence s'échiner à quelques longueurs. Räikkönen ne peut accrocher les leaders. Sa monoplace dispose de la plus jolie livrée du paddock, mais cela est bien insuffisant pour lui donner des ailes. Chargée en essence, la flèche d'argent louvoie à chaque entrée de virage et ce n'est pas la témérité d'un Montoya, prêt à tout, qui compense les faiblesses de la voiture. Plus loin dans le peloton, Button (Honda) auteur d'un excellent départ est à la peine, tandis que Barrichello (Honda), pour une fois aux avant-postes, doit se contenter de rester dans le peloton des poursuivants.
Alors qu'Alonso repasse au stand pour son deuxième arrêt, M.Schumacher sort alors le grand jeu. Des trajectoires parfaites et des temps qui descendent. Alonso reste 8.6 sec immobilisé, c'est un peu trop ! La Ferrari de Schumacher file... Le champion allemand explose les chronos et quand il rentre au stand pour la deuxième fois, le staff de Renault cherche Alonso du regard ! L'Espagnol est en retard. M. Schumacher ressort des stands devant l'Espagnol. Il fait à peine chauffer ses pneus et aligne des tours parfaits ! La R26 d'Alonso n'en peut mais.... Schumacher a prouvé qu'il était sans doute loin de la retraite et qu'il court toujours pour gagner. Pour être champion du monde !
Montagny qui dispute son premier GP, met pied à terre, pour un vrai baptême du feu : moteur cassé, la Super Aguri est la proie de flammes ! Fisichella (Renault), parti 13e, poursuit sa lente remontée et bénéficie de l'abandon simultané en fin de course de Montoya et R. Schumacher pour marquer les points de la 6e place. Nico Rosberg (Williams-Cosworth) parti dernier sur la grille a fait une course formidable de régularité et de courage. Il termine 7e devant Jacques Villeneuve !
Frustration britannique
Les points sont donc distribués et au terme de cette cinquième manche de la saison, Alonso conserve la tête du championnat avec 44 points devant M.Schumacher 31 et Kimi Räikkönen, 4e au Nürburg, qui totalise désormais 24 points. Chez Renault on se montre satisfait car Fisichella, 6e, rapporte de précieux points. Tous les regards sont désormais tournés vers Barcelone où se dispute dans une semaine le Grand Prix d'Espagne.
Mais il convient de souligner que la F1 continue d'échapper à "ses propriétaires déclarés". Les écuries britanniques (Williams, McLaren et Red Bull) ne sont plus que trois en lice et manifestement ne parviennent pas à résister à la puissance des "latins" : plus de titre Constructeurs depuis 1998, plus de titre Pilote depuis 1996 ! La démonstration de Renault et Ferrari ces dernières années, mais aussi depuis le début de la saison, laisse penser que 2006 pourrait encore bien être une nouvelle année "sans" pour les Britanniques. Frank Williams manque de ressources, Ron Dennis d'humilité.
Et pendant ce temps, Flavio Briatore et Jean Todt continuent de savourer le champagne ...
