Dans quatre jours, le "Formula One Circus" aura réinstallé son barnum au nord de Barcelone, sur le circuit de Catalunya, pour le Grand prix d'Espagne. Deux épreuves en une semaine, un pari logistique et un vrai défi technique pour les acteurs du championnat du monde.
Et pendant que la caravane passe (à travers l'Europe), cela risque d'aboyer plus ou moins fort, dans certains bureaux. Outre Manche et ailleurs ! Terre de sport auto, le Royaume Uni semble plutôt désuni. Barcelone marque en effet le premier tiers de la saison et quelques premières conclusions seront inévitablement tirées à l'issue d'une course disputée sur un tracé connu, dans ses moindres recoins et de l'ensemble des pilotes.
Mais d'ores et déjà après l'éclatante démonstration offerte au Nürburgring (et depuis le début de la saison) par Renault / Alonso et Ferrari / Schumi, quelques constats s'imposent.
Si Renault confirme ses résultats de l'an passé et la qualité de son package 2006, Ferrari, en s'imposant lors des deux dernières courses, apporte la preuve que les errances et tracas de la saison passée ne constituent plus qu'un mauvais souvenir. Fernando Alonso a gagné deux fois (Barheïn, Australie) et Michael Schumacher lui a répondu en réalisant deux grands numéros lors du Grand Prix de Saint-Marin et d'Europe. Renault et Ferrari s'imposent donc comme les leaders naturels d'un championnat que l'on voit mal leur échapper même s'il reste 13 courses et autant d'écueils à éviter !
Grise mine chez McLaren
La grosse déception vient incontestablement de l'écurie McLaren-Mercedes dont le manque d'humilité - de Ron Dennis notamment - confine au manque de lucidité. A trop vouloir imaginer les courses avant le feu vert et à refaire le monde après le drapeau à damier, l'emblématique patron des flèches d'argent n'a déjà plus de joker à sortir de sa poche de chemise blanche sans faux-pli! Se satisfaire du 2e meilleur tour en course pour Kimi Raikkonen au Nürburgring, n'est-il pas un aveu de faiblesse quand on sait que c'est encore le moteur qui a contraint Montoya à rendre les armes!
"La route est longue qui mène au titre mondial, jugeait Ron Dennis dimanche soir. Nous allons encore travailler pour gagner en compétitivité ". Mais se parer de bonnes intentions est-il suffisant ? Pas si sûr, quand on constate qu'à poids égal (en carburant), les McLaren rendent 3 dixièmes aux Renault et Ferrari. "Pour terminer premier, il faut premièrement finir les courses", martèle régulièrement le patron des flèches d'argent. A quand la première victoire de Raikkonen ou Montoya en 2006 ? Peut-être dimanche prochain, à Montmelo où Raikkonen s'était imposé l'an passé.
Williams souffre
Autre sujet d'inquiétude, le manque évident de fiabilité et de performances de l'estimable écurie Williams. Désormais épaulé par Cosworth - motoriste expérimenté s'il en est-, Frank Williams et Patrick Head semblent bien démunis face aux casses à répétition donc sont victimes Nico Rosberg et mark Webber. Ces deux purs talents ont débuté le Grand Prix d'Europe en fond de grille pour avoir changé de moteur avant la qualification. Et si Rosberg a pris les deux points de la 7e place, après une belle course, Webber est rentré au stand à pied, l'hydraulique de sa monoplace étant défaillante. "Nous ne sommes pas concernés par les problèmes rencontrés par l'écurie, en Allemagne", estime Simon Corbyn chez Cosworth. Mais qui alors? Le célèbre motoriste semble tout de même très en deçà des espoirs que Frank Williams avait placés en lui.
Des espoirs qui partent en fumée, il y en a aussi pas mal pour assombrir le futur de Honda et Toyota. Button a de nouveau explosé son moteur dimanche après midi, tandis que R.Schumacher n'a pu finir son Grand Prix d'Europe. Malgré un début de saison et des essais hivernaux prometteurs, Button compte désormais 31 points de retard sur Alonso ! Un océan sépare les deux hommes !
Pour Toyota, les années se suivent et se ressemblent. De faramineux budgets sont engloutis chaque hiver pour élaborer une monoplace qui est jugée ratée dès la troisième course! Mike Gascoyne a été remercié et une nouvelle voiture est prévue à Monaco! Du côté de Cologne, les errances stratégiques se sont multipliées ces dernières années et l'on se demande si les dirigeants japonais vont continuer à jeter autant d'argent par les fenêtres sans décrocher le moindre succès ! Toyota ne peut se permettre d'être ainsi montré du doigt sur tous les circuits du monde. "Toyota Today... en Formule 1, oui ! Toyota Tomorrow..." en F1, c'est moins sûr !