REPUBLIQUE TCHEQUE - ITALIE : 0-2
Buts : Materazzi (26e) et Inzaghi (87e)
L'Italie manque rarement ce genre de rendez-vous. Habituée des premiers tours au couteau depuis 1970, elle a une nouvelle fois passé sans encombre ce dernier obstacle. Pourtant, la République tchèque de Pavel Nedved, que les Azzuri n'avaient jamais battu en trois confrontations depuis l'indépendance du pays, n'était pas le premier venu. Mais les troupes de Marcelo Lippi sont revenues à leurs vieilles recettes, réalisme implacable et défense de fer, pour faire la différence. Fabio Cannavaro avait d'ailleurs annoncé la couleur : "Nous devons nous mettre à jouer plus à l'italienne, de manière plus cynique. Le secret pour aller loin dans le tournoi est de revenir à une approche défensive, plus typiquement italienne" . Le message a été entendu.
Première période : Défense et réalisme
Dès le début de match, l'Italie applique les principes qui ont forgé ses succès en resserrant sa défense, quitte à laisser la maîtrise du jeu aux Tchèques. Malgré leur potentiel offensif, les Transalpins se contentent en effet de défendre leur but. Résultat : seulement deux tirs en première période (dont un seul cadré). Une tête vicieuse de Gattuso d'abord (26e). Puis celle de Materazzi qui fait mouche (28e, 0-1). Pourtant, le défenseur de l'Inter Milan n'aurait pas dû être sur le terrain sans la blessure prématurée d'Alessandro Nesta visiblement touché aux adducteurs (17e). Alors que les Italiens étaient dominés, le géant déploie son 1m93 sur un corner de Totti pour placer une tête imparable.
Une vraie leçon de réalisme, d'autant que les Tchèques s'étaient jusque là montrés les plus dangereux. A force de trop défendre, l'Italie joue en effet avec le feu. Et il faut un Gianluigi Buffon vigilant pour stopper deux tirs puissants de Nedved (12e, 16e). De retour en tant que titulaire après une blessure au pied, Milan Baros aurait également pu ouvrir le score mais, comme les autres, s'est heurté au portier de la Juventus (9e) qui doit encore s'employer en sortant dans les pieds de Jankulovski (16e). En l'absence de Jan Koller, l'attaque tchèque ne trouve pas la solution. Assommés par le but de Materazzi, les hommes de Bruckner prennent un nouveau coup derrière la tête avec l'expulsion de Polak juste avant la pause pour une 2e carton jaune stupide (45e).
Seconde période : Inzaghi, le symbole
La Squadra Azzurra, qui avait abandonné ses prétentions offensives du début de compétition, retrouve un peu d'allant en supériorité numérique. Francesco Totti met ainsi Petr Cech à l'épreuve (52e) avant de délivrer un coup franc qu'Andrea Pirlo dévie pour Fabio Cannavaro, sans succès (56e). Baros, sans doute pas encore remis à 100 %, cède rapidement sa place (64e). Bruckner joue même son va-tout en lançant deux attaquants, Stajner (46e) et Heinz (78e), dans la bataille. Mais c'est toujours l'inévitable Pavel Nedved, qui ne sait pas alors qu'il dispute sans doute son dernier match international, qui crée les actions les plus dangereuses (53e, 70e).
Mais Filippo Inzaghi donne alors une nouvelle leçon de réalisme. Entré à la place de Gilardino (60e), il manque d'abord une belle occasion. Suite à un mauvais dégagement de Plasil, le Milanais récupère le ballon face au gardien mais manque le cadre (67e). En fin de match, sa tête passe à côté malgré un véritable festival de Pirlo (83e). Peu habitué à rater ce genre de situation, ce prototype de l'efficacité à l'italienne ne pouvait pas en rester là. Sur un contre magistral, il remonte la moitié de terrain avant de crocheter Cech et de doubler la mise pour l'Italie (87e, 0-2). La messe est dite. Eliminée en 8e de finale par la Corée du Sud, la Squadra Azzura a retrouvé les bonnes recettes. Invaincue depuis désormais 21 matches, la plus longue série depuis 1939, cette Italie-là peut voir loin.
L'HOMME DU MATCH : Marco Materazzi (Italie)
La belle histoire de la rencontre. Remplaçant face au Ghana (2-0) et aux Etats-Unis (1-1), Marco Materazzi avait une nouvelle fois pris place sur le banc au coup d'envoi. Mais, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, il a su saisir sa chance après la blessure d'Alessandro Nesta (17e). Quelques minutes plus tard, il place l'Italie sur les rails de la victoire de la tête grâce à une détente phénoménale. En défense, l'Intériste a également fait son boulot avec seulement 3 ballons perdus et 6 duels gagnés pour 7 disputés. Une belle revanche pour un joueur qui n'a pas été épargné par les critiques.
LA DECLA : Marcello Lippi (entraîneur de l'Italie)
"Tout le monde parlait d'éviter le Brésil en huitième de finale, mais le premier objectif était de se qualifier. Si nous avions dû, nous aurions joué le Brésil (qui devait probablement terminer premier du groupe F jeudi soir et donc affronter le Ghana, ndlr) avec l'espoir de l'emporter. Après, c'est sûr que nous voulions essayer de l'éviter en terminant premiers. En ce moment, il n'y a rien de vraiment nouveau, nous savons ce qu'il se passe depuis un mois. Les étrangers pensent que nos joueurs pensent à ça, mais personne n'y pense. Quand les gens rentreront, ils devront s'occuper de leurs problèmes, mais là, cette Coupe du monde est une occasion qui ne représentera peut-être pas dans leur vie, donc ils sont concentrés pour faire un bon Mondial."