FRANCE - TOGO : 2-0
Buts : Vieira (55e) et Henry (60e)
Certes il n'y avait pas photo entre le niveau des deux équipes. Mais on a longtemps tremblé face à tant de maladresse et de malchance jusqu'à la libération de Vieira. La France a finalement chassé les fantômes de 2002. Au terme d'une soirée crispante, les Bleus ont réussi à remporter leur premier match de Coupe du monde depuis la finale de 1998. Pourtant, c'est sans Zidane, suspendu et présent dans les vestiaires pour suivre la rencontre, qu'ils ont du forcer leur destin. Mais le 4-4-2 mis en place par Raymond Domenech a livré de belles promesses : des côtés qui apportent de la vitesse avec Malouda et surtout Ribéry, des latéraux qui montent souvent (Sagnol et Silvestre) et des attaquants gavés de ballons. Seule ombre au tableau, un manque de réalisme devant le but à l'image d'un David Trezeguet frustré en première période par un incroyable Kossi Agassa.
Première période : Trezeguet impuissant
Pour se qualifier, les Bleus avaient mis tous les atouts de leur côté : vivacité, détermination... Le bilan des Français laisse presque rêveur avec 10 tirs dont 6 cadrés au cours de 45 premières minutes menées tambours battants. Seule manque l'efficacité, véritable péché mignon de cette équipe de France. La faute également à un Kossi Agassa qui a enrayé à lui seule l'animation offensive mise en place par Domenech. Titularisé, Trezeguet donne ainsi rapidement le ton suite à un beau mouvement collectif sur l'aile gauche mais frappe à côté (4e). Son entente avec Ribéry laisse même espérer le meilleur. Le Marseillais adresse trois caviars à son attaquant. Mais Trezegol bute à deux reprises sur Agassa (7e, 21e) ou se fait piéger en position de hors-jeu (14e). Le point d'orgue d'un véritable festival d'occasions manquées.
La machine à centrer a pourtant fonctionné à plein régime (15 centres sur cette seule première période). Sagnol pour Henry (15e). Silvestre pour Trezeguet (21e). Mais toujours sans réussite. Les Français poussent, parfois au bord de la rupture. Peu inquiété, Barthez doit tout de même sortir deux arrêts décisifs sur des contres rondement menés par Senaya (9e) puis Salifou (28e). Le jeu plus direct des Eperviers aurait même pu être payant mais Adebayor, servi à second poteau, ne trouve que le petit filet (12e). Pourtant, les Bleus ne parviennent à se mettre à l'abri alors qu'un seul but suffirait à leur bonheur après l'ouverture du score de la Suisse face à la Corée du Sud.
Ce but aurait pu être l'oeuvre de Franck Ribéry. Critiqué pour sa réserve face à la Suisse, il décide de tenter sa chance mais manque complètement le cadre (28e). Alors que le danger peut venir des côtés, les Bleus insistent dans l'axe pour trouver leurs deux avant-centres. Et, comme depuis le début du Mondial, ils oublient une arme : les frappes de loin. Vieira (31e) et Malouda (15e) ont pourtant des arguments à faire valoir. C'est même à la suite d'un tir longue distance du Lyonnais que Trezeguet aurait pu ouvrir le score sans un sauvetage miraculeux sur sa ligne d'Agassa (39e), décisif à six reprises. Mais, malgré une nette domination, une douzaine occasions n'auront pas suffi.
Seconde période : Vieira libère les Bleus
Au retour des vestiaires, on se demande si les Français pourront tenir ce rythme 90 minutes. A trop attaquer, les Bleus se sont-ils fatigués ? Une nouvelle frappe complètement ratée de Ribéry, parfaitement servi par Malouda, laisse craindre une baisse de régime (53e). On commence même à craindre le pire fiasco de l'histoire du football français. Mais la nouvelle coqueluche du football français chasse les doutes et se rattrape quelques minutes plus tard en trouvant Vieira au point de penalty. Impérial au milieu de terrain, le capitaine d'un soir ouvre le compteur des Bleus d'une belle frappe enveloppée (56e, 1-0). Libérée, la France ne laisse pas le Togo reprendre ses esprits. Après une première tentative (58e), Thierry Henry profite d'une belle déviation de l'incontournable Vieira pour enfoncer le clou après avoir enroulé son défenseur (60e, 2-0).
Mais, après une telle débauche d'efforts, la France finit par lever le pied. Pire, la barre des deux buts d'écart atteinte, elle en oublierait presque de jouer pour marquer. Une passe un peu trop facile de Malouda pour Trezeguet est ainsi facilement interceptée par Agassa (70e). Domenech change alors ses deux ailiers, Malouda et Ribéry, par Wiltord (74e) et Govou (77e). Mais on devait en restera là. A l'expérience, la France a rempli son contrat en répondant présent au bon moment, comme à Dublin (1-0) ou à Chypre (4-0). Mais, à l'image des déclarations de Patrick Vieira avant la rencontre, les Bleus espèrent qu'ils auront gagné plus que la qualification. Cette victoire pourrait être un déclic pour une équipe libérée qui, quoi qu'il arrive s'annonce difficile à jouer. A Domenech désormais de gérer le retour de suspension de Zidane... Car mardi, l'opposition sera autrement plus musclée.
L'HOMME DU MATCH : Patrick Vieira
Patrick Vieira pouvait-il rêver meilleur scénario ? Le jour de ses 30 ans et de sa 90e sélection, brassard de capitaine au bras, il a sorti la France d'un mauvais pas. Buteur (55e) puis passeur pour Henry (61e), le milieu de la Juventus a rendu une copie parfaite grâce à une activité inlassable. Raymond Domenech a eu le nez creux en déclarant que Vieira serait l'un des hommes fort de cette Coupe du monde lorsque celui-ci était au coeur des critiques. Face au Togo, il est au moins redevenu un maillot essentiel de l'équipe de France où il rayonne depuis son replacement dans l'axe face à la Corée du Sud.
LA DECLA : William Gallas
"J'ai cru qu'on allait sortir, qu'on allait être éliminés de la compétition. On a les occasions, mais le football est malheureusement parfois incompréhensible. On savait que c'était très important pour nous de gagner, on l'a fait. Cela n'a pas été évident. Parfois, dans le foot, cela passe difficilement. On aurait préféré se qualifier avec deux victoires. C'est vrai qu'à la mi-temps on s'est posé des questions. On s'est dit que le gardien togolais allait tout arrêter. Mais bon, le plus important, c'est d'avoir gagné. Maintenant, on arrive en huitièmes de finale, cela n'a rien à voir. On entre vraiment dans la compétition".
Dès le coup d'envoi, ce nouveau dispositif donnait le sentiment de porter ses fruits. Portés par la triplette Cabanas-Yakin-Barnetta, les Suisses prenaient la direction des opérations dès les premières minutes pour s'installer durablement dans la moitié de terrain coréenne. Grâce à la vitesse de pointe et la maîtrise technique de Barnetta, la précision de Yakin sur coups de pied arrêtés, le travail de Cabanas à la récupération, la Nati se procurait une avalanche d'occasions avant d'ouvrir logiquement le score sur une reprise de la tête surpuissante de Senderos (1-0, 24e).
Quasiment assurée de se hisser en huitièmes de finale, la Suisse décidait à la reprise de jouer plus bas, laissant le contrôle du ballon aux Coréens. Malgré une formation à vocation très offensive avec les entrées successives de Seol et Ahn, les Asiatiques se montraient incapables de rééditer les performances réalisées face à la France et au Togo. Ils n'écartaient pas suffisamment et s'empalaient irrémédiablement sur une charnière centrale dirigée de main de maître par Müller.
Confortés par leur solidité défensive, les Suisses se montraient de plus en plus tranchants en contre. Bien que seul sur le front de l'attaque, Alexander Frei profitait pleinement des espaces qui se creusaient au coeur de l'arrière-garde coréenne pour faire courir à plusieurs reprises un vent de panique devant la cage de Lee Woon Jae. Après une fabuleuse frappe sur le poteau (64e), un contrôle manqué alors qu'il partait seul au but (74e), le Rennais trouvait le chemin des filets à la suite d'un cafouillage à l'entrée de la surface asiatique (2-0, 77e). Malgré quelques réactions coréennes en fin de match de Kim Jin Kyu (84e) et Lee Chun Soo (91e), le ticket pour les huitièmes de finale ne pouvait plus échapper à la Suisse. Une qualification méritée puisque la formation de Kuhn est la seule, à l'issue de la phase de poule, à ne pas avoir encaissé le moindre but.
Au sein d'un milieu de terrain renforcé, Tranquillo Barnetta a une nouvelle fois fait la preuve de son immense talent. Capable d'accélérer jeu grâce à une vitesse de pointe étonnante, le joueur de Leverkusen est également capable de diriger la manoeuvre grâce à une maîtrise technique complète et une bonne vision du jeu. Présenté comme le futur meneur de la Nati, il a prouvé face à la Corée qu'il pouvait s'adapter sur un côté, étant à l'origine de nombreuses actions dangereuses de sa formation. A 21 ans, l'avenir lui appartient !
C'était un match très intense. Nous savions que l'équipe de Corée courait beaucoup et ne rechignait pas à l'effort. Nous nous sommes très bien adaptés, nous avons joué avec de la jeunesse et de l'expérience. Nous n'avons pas toujours brillé et nous avons eu parfois un peu de chance, mais nous n'avons pas encaissé de but et donc je tiens à féliciter mon gardien. C'est un grand exploit de terminer ce premier tour avec sept points et sans avoir pris le moindre but. Maintenant, on ne fait pas de grands projets. Ca va être difficile de rejouer dans trois jours contre l'Ukraine, qui compte des attaquants de top niveau mondial, mais nous avons envie de passer ce tour.
