RAYMOND DOMENECH, avez-vous douté en voyant toutes ces occasions manquées ?
R.D. : Non, on n'a pas le temps de douter dans ces moments-là. On se dit seulement : "comment on peut encore pousser ?". On s'était dit dans le vestiaire que ça pouvait être à la 90e, à la 95e. Les joueurs n'ont pas lâché. C'était écrit, on savait que ce ne serait pas facile et qu'on ne marquerait pas tout de suite mais on était tous dans cet état d'esprit de pousser jusqu'au bout.
Qu'avez-vu pensé de la prestation de vos joueurs ?
R.D. : On a souffert, cela n'a pas été évident. Le Togo nous a fait souffrir, comme il a fait souffrir les Suisses et les Coréens. On a fait ce qu'il fallait pour les bousculer. On a pris des risques, parfois à la limite de la rupture. Je ne vais pas le cacher, ça a été dur. Mais cette équipe a des ressources. Elle n'a jamais lâché. Il y a eu beaucoup d'occasions, on a cru qu'on n'y arriverait jamais mais c'est venu. La réussite est revenue en seconde période.
Cette victoire peut-elle servir de déclic pour l'équipe de France ?
R.D. : Je n'avais pas réfléchi à ça... On ne vit pas avec le passé. On vit le présent. Et le présent immédiat, c'est le match de l'Espagne qui arrive. C'est ce qui compte.
Cette qualification en 8e de finale est-elle un soulagement ?
R.D. : (Hésitant) Oui, je suis heureux ! Je suis heureux pour les joueurs. Ce qu'ils ont fait sur le terrain, c'est super. Ils n'ont jamais lâché. Ils se sont battus contre l'adversité parce que ça n'a pas toujours été facile. Les occasions, l'adversaire, l'arbitrage... il a fallu passer au-dessus de tout ça et ils l'ont passé. Maintenant, on s'accorde un répit. On est content de ce qu'on a fait mais ça ne suffit à personne. On sait que c'est seulement une étape. On a un peu de temps pour se préparer, on va voir.
Maintenant que la pression de la qualification est passée, la France va-t-elle jouer plus libérée ?
R.D. : Non... A chaque match, je croyais que le prochain serait meilleur. La pression, elle n'est pas juste là. La Coupe du monde, ça n'est que ça, ce n'est que de la pression. Chaque match est difficile. Donc le prochain sera dans le même registre.
Auriez-vous préféré affronter l'Ukraine ?
R.D. : Affronter l'Espagne, c'est ce que j'avais prévu... mais pas dans ce sens là. Je pensais qu'ils seraient deuxièmes de leur groupe et nous premiers. L'Espagne ou l'Ukraine, voire la Tunisie, c'est de toute façon un match difficile quand on est en 8e de finale de la Coupe du monde. Il n'y a que des équipes solides. L'Espagne s'est montrée performante, c'est une équipe qui marque. Il faudra lutter contre ça.
Etes-vous satisfait du match de David Trezeguet ?
R.D. : On a 23 joueurs. Tout le monde doit être prêt à tout moment à rentrer, à jouer des bouts de matches ou des matches entiers. Une Coupe du monde ne se gagne pas à onze, elle se gagne à 23 si les 23 sont présents et disponibles quand on fait appel à eux. Pour David, je vais faire une exception. J'entends déjà tout le monde le critiquer parce qu'il a manqué des occasions de but. Mais David est un point d'ancrage permanent. Il permet la fixation de l'adversaire, il a permis l'élaboration du jeu. Je ne vois pas dans une équipe que celui qui marque le but. Il y a tout un ensemble de chose qui fait qu'un joueur, même s'il n'a pas marqué, peut avoir été intéressant pour le collectif. C'est ce que David a fait.
L'absence de Zinédine Zidane a-t-elle été préjudiciable ?
R.D. : Je peux vous dire oui, je peux vous dire non. Mais ça ne changera rien au problème. Le match est fini. On l'a joué sans lui et on l'a gagné. Maintenant, on peut refaire le film. On peut redécouper les bouts de pellicule et refaire le montage. L'objectif, c'était de gagner par deux buts d'écart. C'est ce qui a été fait avec ceux qui étaient là. Ils ont fait ce qu'ils devaient faire. Bravo ! Aujourd'hui, on savoure. Mais demain est un autre jour. On verra ce qu'il se passe par la suite.
Qu'avez-vous pensé du match particulièrement réussi de Patrick Vieira ?
R.D. : J'avais dit au début de la Coupe du monde que ce serait un des grands hommes du Mondial. Je connais Pat, je vois sa motivation, sa préparation. Je sais ce qu'il est capable de faire. Je le confirme, ce sera un des grands joueurs de ce Mondial. Je m'excuse d'avoir eu raison avant les autres.
Le niveau affiché par la France suffira-t-il pour battre l'Espagne ?
R.D. : Aujourd'hui, ça a suffi pour battre le Togo. Mardi, on verra ce qu'il faut faire en plus pour battre l'Espagne.