La Juve le méritait

Bien qu’entachée par les affaires, mise en difficulté par le Milan AC, la Juve a remporté son vingt-neuvième Scudetto. Bilan donc de cette saison qui, une fois de plus, s’est révélée riche en rebondissements.


Le champion : Juventus de Turin
Vingt-sept victoires, dix nuls, une seule défaite, quatre-vingt-onze points à la clé. Ce total est, avec Chelsea, le meilleur dans toute l’Europe, et très certainement le plus important en Italie depuis pas mal d’années. La Juventus Turin a donc, en cette saison de Serie A, affolé les compteurs, et pourtant, les supporters des Bianconeri auront tremblé jusqu’à la dernière journée, et cette victoire sur la pelouse de la Reggina (2-0), synonyme d’un vingt-neuvième Scudetto. La bande à Fabio Capello, malgré ces statistiques effrayantes pour ses adversaires, a tout de même alterné le bon et le moins bon. Fantastique en début de saison avec neuf victoires consécutives dès l’entame de la saison, les joueurs de la Vieille Dame semblaient réellement irrésistibles. Néanmoins, l’hiver est arrivé, et tout est devenu plus poussif. Des performances médiocres, avec en point d’orgue l’élimination en quarts de finale de la Ligue des Champions face à Arsenal (0-1, 0-0), et c’est tout Turin qui commençait à douter. Pourtant, Capello et ses hommes auront le mérite, malgré la remontée fantastique du Milan AC, et malgré les affaires qui ont éclaté cette semaine, d’avoir réussi à faire le dos rond, pour remporter un titre de champion d’Italie largement mérité.

Les individualités marquantes de cette saison ont été, dans le bon sens, Thuram, capitaine exemplaire, Cannavaro, toujours impeccable, Emerson, qui, tout le Brésil l’espère, apportera autant à la Seleçao qu’à la Juve, Pavel Nedved, dont la fin de saison doit faire blêmir toute l’Italie, adversaire de la République tchèque au Mondial, ou encore Trezeguet qui a inscrit vingt-trois buts. Au rayon des déceptions, on énumérera Zebina, trop souvent blessé et pas au niveau lors de ses rares matches, Ibrahimovic, trop égoïste pour que ses rares éclairs de génie l’excusent, ou encore Patrick Vieira qui, après deux bons mois au début, a lentement atteint un niveau quelconque, entraînant les critiques acerbes des journalistes italiens. Impossible enfin de dresser le bilan de cette saison sans faire référence à l’affaire de corruption d’arbitres qui a obligé tout le conseil d’administration de la Juve à donner sa démission. De l’autre côté des Alpes, on parle de relégation en Serie B voire même en Serie C. Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour l’avenir sportif de la Juve, qui reste un superbe champion d’Italie.

Direction la Ligue des Champions : Milan AC, Inter Milan, Fiorentina
Ils auront tout connu cette saison. Après avoir passé les deux premiers mois de la saison à regarder la Juventus s’éloigner, les Milanais ont commencé, par la suite, à regarder derrière, où l’Inter et la Fiorentina lorgnaient sérieusement sur sa deuxième place. Néanmoins, leur fin de saison, marquée par un retour exceptionnel, mais aussi une demi-finale de Ligue des Champions face au Barça (0-1, 0-0), a permis à la bande à Ancelotti de pouvoir espérer coiffer la Juve sur le poteau. Mais les Turinois ont réussi à gérer leur pécule, et les Milanais, logiquement, terminent à une place de dauphin largement méritée.

L’autre club milanais, l’Inter, a, comme d’habitude, alterné le bon et le moins bon. A la fin des matches aller, beaucoup d’observateurs voyaient d’ailleurs la bande à Mancini capable de concurrencer la Juve, et même de briller en Ligue des Champions. Malheureusement, l’irrégularité chronique des Nerrazzuri a refait surface, entraînant une élimination face à Villarreal en Ligue des Champions (2-1, 0-1), et une troisième place en Serie A. A l’image d’Adriano (13 buts en 30 matches), l’Inter a calé quand il fallait accélérer, et est donc resté sur le bas côté.

L’Udinese l’année dernière, la Fiorentina cette année, la quatrième place est, en Italie, propice aux surprises ces dernières saisons. La Viola fera donc, l’année prochaine, son grand retour sur la scène européenne, via le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce strapontin européen n’est que justice tant Prandelli et ses hommes ont développé un jeu enthousiasmant. Mélange d’expérience avec Fiore ou Pancaro, et de jeunesse avec Jimenez, Bojinov ou encore Donadel, les Florentins doivent évidemment beaucoup à Luca Toni, dont le titre de capo cannoniere (31 buts) attire les plus grands clubs.

Direction l’UEFA : AS Roma, Lazio Rome
L’AS Roma aura très certainement, à l’issue de cette saison, un sentiment mitigé. En effet, la bande à Luciano Spalletti est passée de l’enfer au quasi-paradis, puisque l’histoire ne s’est pas aussi bien finie que les Romains l’auraient voulu. 14es au bout de huit journées, dans le ventre mou et particulièrement décevants jusqu’à la trêve hivernale, les partenaires de Philippe Mexès et Olivier Dacourt ont, au retour des vacances, enchaîné une incroyable série de onze victoires consécutives, record à battre, pour se replacer dans la course à la Ligue des Champions au début du printemps. Néanmoins, les dernières rencontres, où la blessure de Totti a joué pour beaucoup, n’a permis aux Romains de ne décrocher que l’UEFA, qui reste quand même une belle place au vu du début de saison.

Les Laziale, quant à eux, n’ont pas effectué une remontée aussi spectaculaire que leurs éternels rivaux, mais leur ascension au classement aura été particulièrement linéaire. Pourtant, les observateurs, et d’autant plus les Français, ne donnaient pas cher de cette Lazio, étrillée par Marseille (3-0) au Stade Vélodrome en demi-finale de Coupe Intertoto. Emmenée par un Ousmane Dabo d’une formidable constance, les hommes de Delio Rossi ont déjoué tous les pronostics, et profité d’une fin de saison en boulet de canon pour s’emparer de la sixième place, qualificative pour l’UEFA.

Les relégués : Messine, Trévise, Lecce
Les trois clubs à prendre l’ascenseur dans le mauvais sens sont donc Messine, Trévise et Lecce. Pour le premier cité, si toute la saison a été un énorme calvaire, avec aucune journée au dessus de la quatorzième place, les cinq dernières rencontres ont sonné le glas de l’équipe de Gianpiero Ventura. Cinq défaites consécutives qui ont mis fin à ses espoirs de revenir sur Sienne, dix-septième, pour ainsi s’offrir une saison supplémentaire dans l’élite.

Pour Trévise, l’affaire était entendue depuis bien longtemps déjà. Avec trois petits succès en trente-huit matches, et pas moins de vingt-trois défaites, la bande à Diego Bertoluzzi récolte sans peine le bonnet d’âne de cette saison italienne. Certains joueurs comme Pinga ou Baseggio, qui ont montré des choses intéressantes cette année, devraient donc changer d’air, pour oublier une saison calamiteuse.

Enfin, quel gâchis que cette équipe de Lecce. Après les ventes de Chevanton en 2004, et de Bojinov en 2005, chacun pour dix millions d’euros, Lecce avait de quoi reconstruire une équipe digne de ce nom. Pourtant, Franco Paleari n’a pas été en mesure de former un groupe du niveau de la Serie A, malgré quelques bonnes individualités comme Vucinic ou Ledesma. Lecce descend donc sans gloire, et les supporters doivent être amers au vu de la gestion calamiteuse de leur club.

Les promus : Atalanta Bergame, Catania, Torino
Des trois promus, deux sont des clubs mythiques de la Serie A. Malgré sa place de troisième, honneur au Torino. Un des clubs les plus aimés d’Italie va donc retrouver l’élite, après l’avoir quittée l’an passé. On salive donc déjà d’avance pour la confrontation avec la Juve, si la Vieille Dame est, bien évidemment, présente en Serie A. L’Atalanta Bergame, en plus de la montée, décroche également le titre honorifique de champion de Serie B. L’équipe de Stefano Colantuono a littéralement survolé ce championnat, et monte donc dans l’élite par la grande porte. Enfin, Catania sera la curiosité de la saison prochaine. Pasquale Marino et ses joueurs rencontreront le Milan AC où l’Inter et il leur faudra du courage pour ne pas faire le chemin inverse dès 2007.

Résultats de la 38e et dernière journée
Dimanche 14 mai 2006
AC Milan - AS Roma 2-1
Cagliari - Inter Milan 2-2
Chievo - Fiorentina 0-2
Empoli - Ascoli 1-2
Lazio - Parma 1-0
Palerme - Messine 1-0
Reggina - Juventus 0-2
Sampdoria - Lecce 0-3
Siena - Livourne 0-0
Trévise - Udinese 2-1