Séville s'en souviendra
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Cinquante-huit ans après son dernier titre, le FC Séville a remporté sa première Coupe de l'UEFA en battant Middlesbrough (4-0) à Eindhoven. Les Espagnols ont surclassé des Teessiders sans imagination. Julien Escudé devient le sixième joueur français à remporter la compétition.
MIDDLESBROUGH - SEVILLE : 0-4
Buts : Luis Fabiano (26e), Maresca (78e, 84e), Kanoute (89e)
Certains assurent que plus c'est long, plus c'est bon. Il serait judicieux de demander au FC Séville si cet adage est véridique. Vainqueurs de leur dernière compétition en 1948 (une coupe d'Espagne), les Andalous ont tiré un trait sur plus d'un demi-siècle d'infortune et d'insuccès. Victorieux de leur première Coupe de l'UEFA face à une équipe de Middlesbrough trop limitée (4-0), voilà les Sévillans au sommet de leur histoire. Arrivé cet hiver dans le sud de l'Espagne, Julien Escudé peut se réjouir de son choix. Barré à l'Ajax, le frère de Nicolas a ajouté une belle ligne à son palmarès et devient le sixième français à remporter la C3.
Première période : Séville prend les devants
La répétition anglo-espagnole de la grande finale Arsenal-Barcelone prévue mercredi prochain au Stade de France n'a pas mis beaucoup de temps à se lancer. Si les occasions ne pleuvent pas d'entrée sur le Philips Stadion, les deux onze de départ prennent rapidement leurs quartiers. Au jeu latin des Andalous, Boro répond par le physique. Et la partie se résume à une lutte acharnée au milieu de terrain.
Les rares fois où le ballon se fraye un chemin jusqu'aux abords des surfaces de réparation, les gardiens de but n'ont pas grand chose à faire. On retiendra tout de même une première frappe puissante de Rochemback sur coup franc. Les deux poings de Palop sont solides (6e). Ce tir cadré sera le dernier des joueurs de Steve McClaren lors des quarante-cinq premières minutes. Séville n'est guère plus tranchant que Boro mais va trouver la faille au coeur de la première période.
Après deux ou trois raids dangereux, les Andalous vont concrétiser leur légère domination territoriale. Sur un centre parfaitement ajusté d'Alves, Luis Fabiano s'affranchit du marquage de Riggott. Son coup de tête est parfaitement décroisé et laisse Mark Schwarzer pantois (1-0, 26e). Assommés par ce premier but, les Teessiders sont à deux doigts d'encaisser un second but sur une mine d'Adriano (30e). Mais le tir passe juste au-dessus.
Seconde période : Maresca fait exploser Boro
Inoffensifs au possible, les 14e de Premiership décident de changer leurs batteries. Maccarone entre en jeu à la place de Morrison et Middlesbrough se montre plus pressant. Le FC Séville laisse le ballon aux Anglais et Viduka, sur une remise de la tête de Riggott, se crée l'occasion de la seconde période. Sa reprise à bout portant est sortie par un réflexe incroyable de Palop (52e). Boro et McClaren, futur sélectionneur de l'équipe d'Angleterre, sont enfin dangereux. Maccarone (60e) et Hasselbaink (68e) en donnent deux preuves supplémentaires.
Malgré la sortie de Franck Queudrue (70e), blessé, les vingt dernières minutes sont parties pour être 100% anglaises. Viduka est à deux doigts d'égaliser sur une frappe puissante. Mais Palop, largement battu, a le bonheur de voir le cuir filer du bon côté de son poteau (76e). Une minute plus tard, le portier peut encore se réjouir de voir l'arbitre ne pas accorder un penalty à un Viduka pourtant bousculé dans le dos par Javi Navarro (77e).
Un peu décontenancés, les Teessiders laissent des espaces. Maresca en profite. L'Italien suit parfaitement une frappe de Kanouté repoussée par Schwarzer. Le break est fait (2-0, 78e). Boro s'écroule. Séville en profite. D'une reprise du gauche, Maresca signe son doublé (3-0, 84e). Entré à la pause, Kanouté s'offre aussi son petit but (89e, 4-0). Circulez, il n'y a plus rien à voir. Le FC Séville remporte la Coupe de l'UEFA. Et, à voir les hommes de Juande Ramos sauter et chanter dans la nuit néerlandaise, cela semble fort agréable. Les cinquante-huit ans de disette sont définitivement oubliés.
LA DECLA : Juande Ramos (entraîneur du FC Séville)
"Je suis très satisfait, très fier d'apporter à cette équipe le premier titre européen de son histoire. Je pense à tous nos supporters. L'équipe a fait un gros match. Comme lors de nos dernières sorties d'ailleurs. Ces derniers temps, nous avons toujours joué pour gagner. La satisfaction est énorme de voir récompensée notre volonté d'être offensifs. Le premier but a changé la face du match et nous a libérés. J'ai parfois été critiqué cette saison mais je crois que nous avons réalisé quelque chose de grand".
Luis Fabiano aura idéalement lancé le FC Séville vers la victoire
Escudé, le Sévillan
Julien Escudé, défenseur central du FC Séville, finaliste de la Coupe de l'UEFA mercredi à Eindhoven face à Middlesbrough, a connu une saison un peu folle, débutée à l'Ajax Amsterdam avant son transfert en Espagne l'hiver dernier.
Le solide gaucher (1,84 m, 76 kg) de 26 ans, était sans doute loin de penser qu'il serait amené à disputer une finale européenne, quand il entama l'exercice 2005-2006 dans la peau de capitaine de l'Ajax. Un honneur pour le seul Français a avoir porté à ce jour le légendaire maillot rouge et blanc du club d'Amsterdam. Rapidement toutefois, Escudé allait perdre la confiance de son entraîneur, Danny Blind, au point de disparaître du onze de base et de devoir quitter le club batave lors du mercato hivernal.
"Je garde pourtant un bon souvenir de ma période à Amsterdam. Champion la première année, capitaine la seconde sous les ordres de Ronald Koeman. Seuls les derniers mois m'ont laissé un got amer" , se souvient le frère cadet de Nicolas, le joueur de tennis. Des bons souvenirs, Escudé avait commencé à en accumuler en France durant sa formation à l'AS Cannes et, par la suite, sous le maillot du Stade Rennais. Avant le grand saut aux Pays-Bas.
"Durant toutes ces années, ce ne fut quasiment que du plaisir. La formation, la Ligue 1, l'équipe de France Espoirs, l'expérience à l'étranger...", assure celui qui fut convoqué à deux reprises, en 2005, par le sélectionneur Raymond Domenech en équipe de France. Désormais actif en Andalousie, Escudé pourrait devenir mercredi le sixième Français à soulever la Coupe de l'UEFA.
"Rendez-vous le 10 mai"
"Ce fut une saison très forte à Séville" , explique le défenseur. "C'est la saison du centenaire du club. Nos supporteurs attendaient donc beaucoup de nous. A l'approche de la finale de mercredi, la pression monte, la ville est dans tous ses états". Le club andalou réalise une excellente campagne. L'équipe dirigée par l'entraîneur Juande Ramos pointe à la 5e place de la Liga et réalise sa meilleure saison sur la scène continentale.
"Quoiqu'il arrive mercredi, nous sommes déjà entrés dans l'histoire d'un club qui n'avait jamais dépassé les quarts de finale d'une Coupe d'Europe", note Escudé qui retrouvera "avec bonheur" un terrain néerlandais mercredi, la pelouse du Philips Stadion. "Lorsque j'avais quitté les Pays-Bas cet hiver, plusieurs Néerlandais m'avaient dit 'on t'attend à Eindhoven le 10 mai'. Ca me faisait sourire mais finalement, cela se produit", se réjouit le Français pour qui "ce sera du 50-50 face à Middlesbrough". "Le parcours des Anglais prouve qu'ils ont une équipe très difficile à jouer. Il faudra tout donner", prédit-il.
